The Man Who Wasn't There

"Broken Flowers" est un petit bijou au sein de la riche filmographie de Jim Jarmusch, alors même qu'il est l'un de ses films les moins "jarmuschiens" (...même si l'on retrouve quand même un peu de cette légèreté charmeuse qui les caractérise...). D'abord, Jarmusch a décidé de déléguer le rôle du metteur en scène à l'un de ses personnages, Winston (Jeffrey Wright) chargé de construire le trajet du "héros" du film, et même de lui en fournir la bande son. Ensuite, ayant devant sa caméra l'un des acteurs les plus géniaux de sa génération, Bill Muray, il a sagement compris que, devant un tel phénomène de sensibilité, de subtilité, il convenait de vider le film au maximum de toute distraction inutile, de laisser le spectateur savourer ce jeu inouï - comme certains l'ont dit, entre Keaton et Kitano. Démarrant de manière assez drôlatique avec "l'absence au monde" d'un Don (Juan) qui semble accablé par l'agitation féminine, "Broken Flowers" prend à mi parcours le chemin surprenant d'une tristesse infinie, au fur et à mesure que se mesure l'atroce vacuité de vies perdues. La conclusion, terrible, montre le désarroi d'un homme qui n'a jamais osé s'avouer combien la paternité, manquée, aurait pu le combler. Mais il est désormais trop tard, bien entendu. [Critique écrite en 2005 et revue en 2015]

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le 8 nov. 2015

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Eric BBYoda

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