Bonsoir correspond à l'époque où Mocky avait encore de l'argent des chaines de télévision, donc c'est encore filmé, mais ce qui vaut le coup, c'est l'abattage hallucinant de Michel Serrault, qui semble faire ce qu'il veut. Il joue un ancien tailleur au chômage qui, à la suite de la disparition (partie, pas décédée) de sa femme, vit dans le local à poubelles d'un immeuble, et, pour tromper sa solitude, s'incruste chez des gens. Il rencontre un couple en se faisant pour le cousin de la femme, il fréquente un autre couple, mais cette fois de lesbiennes, croise une femme avec ses sept enfants, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'un commissaire de police le soupçonne de cambriolages...
Il faut dire que ça n'est pas toujours ionnant, ni crédible (comme ce age à l'Elysée), mais le film est sauvé par Michel Serrault, qui s'est fait une teinture rousse (!), et qui est souvent drôle en squatteur d'appartements, en inventant à chaque fois un faux prétexte. Cela va même jusqu'à un moment hallucinant où dormant chez une religieuse, jouée par Catherine Mouchet, il dort tout nu, les fesses à l'air ; on dirait un gros bébé qui dort !
Ce qui explique pourquoi Michel Serrault a tant aimé jouer chez Mocky, car même s'il n'y a pas d'argent, il peut tout faire, tout oser, quitter à aller au ridicule. On retrouve les habituels Dominique Zardi, Jean Abeillé, Georges Lucas (pas l'autre...), et il y a Jean-Claude Dreyfus en commissaire improbable, Marie-Christine Barrault, et Claude Jade qui joue une lesbienne.
Bien que ce soit assez court, 1h20, la musique de Vladimir Cosma y est inable ; un seul et même thème répété à l'envi, et la lumière n'est pas ce que Mocky se sert le mieux. Autant le dire ; sans le cabotinage souvent drôle de Michel Serrault, ça ne serait pas terrible.