"Bons Baisers de Bruges" ou le triomphe de la moralité
Comme nous le disait IAM il y'a quelques années encore "l'Enfer est sur Terre."
Il y'a du neuf: cet enfer s'appelle Bruges. C'est ce que vont découvrir nos deux tueurs à gages incarnés par Brendan Gleeson (dont l'attitude mère poule tranche, ici, sacrément avec la carrure) et Colin Farrell (qui a joué dans tellement de daubes alimentaires pour se payer sa coke qu'il nous avait fait oublier qu'il était capable de jouer un rôle sans nous donner envie de subir une énucléation oculaire).
Tout ceux qui ont suivi au moins un cours de cathéchisme se rapelleront que tuer c'est mal, tuer pour de l'argent c'est pire et tuer un enfant... Autant qu'il se coupe les couilles tout de suite parce qu'il est pas sorti de l'auberge...
Le pécheur ne se trouve être autre que Colin (je vous avais dit qu'il était pas net) qui attendra son jugement dans son propre purgatoire (une chambre d'hotel au beau milieu de Bruges) avant d'être entrainé dans une sorte de spirale à base de nains racistes, de jolies péppées dealeuse et de braqueurs borgnes qui le mèneront vers les enfers.
Martin McDonagh s'amuse visiblement à revisiter La Divine Comédie (du moins les ages "Purgatoire" et "Enfer") en la plaçant sous le jour de la comédie policière, tout en lançant des clins d'oeils raccoleurs pour les spectateurs de "Ne Vous retournez pas" (le nain ici est un sérieux pastiche de la silhouette encapuchonnée du filme de Nicolas Roeg).
C'est efficace, on prend le temps de poser l'ambiance et de se rapprocher des personnages avant d'aborder l'humour un peu moins fin et plus loufoque (ce qui est tout à l'honneur du scénariste qui nous évite donc les lourdeurs américaines) mais le film arrive très vite à un dilemme; que doit il ressortir le plus? son humour ou son côté film noir.
L'équilibre n'est pas vraiment trouvé entre les deux et rien ne s'arrange avec l'arrivée du personnage de Ralph Fiennes, véritable incarnation à l'écran de la morale Judéo-Chrétienne dont il fera lui même les frais, et à laquelle le film est lourdement attachée (trop peut-être car se sent à de nombreuses reprises). Ainsi toutes les figures du mal seront sévèrement punies et si certaines figures vous paraitront être épargnées par le courroux divin,soyez attentifs au discours final de Farrell.
Bref, je pense me le remettre un de ces quatre mais en somme un film sympathique mais qui a du mal à doser ses ingrédients.