Voilà un film qui fait du bien. Et c'est pas souvent, quand on est de gauche dans un pays qui se droitise à chaque instant de pouvoir rigoler du monde avec des blagues qui ont du sens mais aussi du nous, tout en esquivant une utopie concrète: vivre dans une communauté avec des gens qui veulent bifurquer (ou qu'on a exclu), dans un endroit à préserver (une ZAD) des promoteurs, de la toxicité, bref pour faire vite du capitalisme et du patriarcat.
Alors comme ça, ça fait fable néo soixante-huitard version woke mais avec son personnage de gauchiste parisienne suractive et ses ami·es néo-ruraux parti·es construire un monde meilleur, mais se vautrant complètement en reproduisant les enjeux de pouvoirs de la famille traditionnelle et badante, Judith Davis nous propose aussi beaucoup d'auto dérisions.
Alors ce film est juste une comédie familiale de gauche. Et c'est tellement rare que ça fait du bien. Comme quoi il est possible de (beaucoup) rire de la société, de nous, et de beaucoup rire sans tomber dans la reproduction de blagues sexistes, racistes, classistes etc que nous proposent généralement les comédies françaises grand public. On retrouve tous les ingrédients du précédent "tout ce qu'il me reste de la révolution" de la même troupe (la compagnie L'avantage du doute), mais aussi les défauts d'une troupe de théâtre qui fait des films: ce n'est pas du grand ciné mais les dialogues sonnent justes et on attend rien de plus, si ce n'est qu'on en veut encore !