Blanche-Neige et les Sept Nains
6.8
Blanche-Neige et les Sept Nains

Long-métrage d'animation de Ben Sharpsteen (1937)

How to make a princess.

Vous allez penser que je suis fou, inconscient, que je n'ai rien d'autre à faire ou que je suis tout simplement con. Et vous aurez probablement raison. Toujours est-il que par une nuit noire et obscure (donc très sombre et pas très éclairée), je me suis lancé dans une folle entreprise: me faire l'intégrale des longs-métrages d'animation produits par Disney. Oui, même les suites miteuses. Et dans l'ordre chronologique tant qu'à faire.

Mon périple commence donc par le commencement. Logique. A savoir le séminal "Blanche-Neige et les sept nains" (ou "Blanche-Fesse et les sept seins" pour la version porno), sorti si je ne m'abuse en 1937, période troublée s'il en est car un petit moustachu nerveux s'était mis dans l'idée de construire des autoroutes et de donner naissance à tout plein de petits blonds aux yeux bleus. Mais je m'égare.

Pour l'adulte éclairé et sain d'esprit, "Blanche-Neige..." est une véritable saloperie, le diable personnifié, l'incarnation parfaite de l'impérialisme yankee à la solde du capitalisme à moins que cela ne soit l'inverse. Celui par qui le scandale arrive, l'objet du délit, la chose qui a fait germer dans l'esprit des petites filles qu'elles trouveraient un jour le prince charmant et qu'elles auraient le droit de vote. Eric Zemmour ne s'en ai toujours pas remis.

Mais "Blanche-Neige..." est avant tout le rêve d'un homme, le projet fou d'un visionnaire controversé connu pour ses courts-métrages et qui va mettre son studio, sa fortune et sa renommée en péril pour mener à bien son idée: donner naissance au premier long-métrage d'animation à la fois sonore et colorisé, les précédentes tentatives argentines et italiennes ne bénéficiant pas des deux à la fois.

Librement adapté du conte des frères Grimm, "Blanche-Neige..." pose les bases de tout l'univers Disney, y incorpore déjà tous les éléments qui feront la gloire du studio. Des chansons entraînantes, des gags, une jolie princesse, un manichéisme certain, des seconds rôles attachants, un happy end, un sort peu enviable réservé aux méchants, ainsi qu'une morale bien pensante.

Si pour beaucoup le film n'est que l'histoire sirupeuse d'une godiche exploitant des animaux et squattant chez des nains fonctionnaires quittant le boulot à 17 heures en attendant que son mec vienne la chercher, "Blanche-Neige..." conserve en lui toute la magie du conte et son approche à la limite de la psychanalyse (Blanche-Neige croquant dans le fruit interdit, telle Eve), brossant sous nos yeux ébahit un monde à la fois merveilleux et terrifiant, le long-métrage multipliant les séquences sombres et impressionnantes, où la mort rôde en permanence.

Novateur pour l'époque, "Blanche-Neige..." est également un incroyable tour de force technique, une merveille d'animation, offrant aux spectateurs de tous âges des images d'une beauté ahurissante. Ce qui compense allégrement un scénario souvent accessoire se reposant bien trop sur un ensemble de scénettes, pas encore totalement affranchis du format court.

Ce premier long-métrage Disney est peut-être à l'origine de cet engouement horripilant pour les princesses et a certainement donné naissance malgré lui à des immondices comme Paris Hilton ou Kim Kardashian. Toujours est-il qu'il reste un tour de force remarquable et relevé haut la main, et qui a défini à lui seul tout un pan du cinéma.
8
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le 27 févr. 2015

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Gand-Alf

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