Soyons honnêtes, l’intérêt du film réside surtout dans l’idée de départ, narrative et visuelle, qui donne les meilleurs scènes, celles où le personnage principal pourchasse le chien noir, ou à la limite celles des rafles contre les chiens errants, aussi tristes que burlesques. Voilà pour la singularité de Black Dog. Ses autres qualités donnent l’impression de ne pas être les siennes mais plutôt celles du film d’auteur international de festival bien formaté pour tromper son monde. En prenant pour décor cette Chine rurale en cours d’industrialisation (à la Jia-Zhang Ke et par ailleurs très bien filmée), qui plus est pendant les JO de 2008, le film affiche un contenu social et politique qui reste à l’état de signe, mais qui sans doute suffit pour distributeurs internationaux, festivals et critiques. On entend à un moment qu’il faut se débarrasser des chiens pour faire venir les usines. Piste très intéressante mais on n’en saura et verra pas plus. Au lieu de ça, formatage oblige, on fait avancer le scénario psychologico-sentimental et individualisant. Et bien que la présence de chiens dans les plans leur ajoute indéniablement un gain de vie considérable, au point qu’on pardonne au film d’en ab, ils n’échappent pas non plus à la trajectoire de scénario (surtout notre chien noir) alors qu’ils ne demandaient sûrement pas plus que des croquettes. Leur vitalité compense en tout cas la prestation de l’acteur principal, dont le mutisme tient vraiment de la pose, comme dans pas mal de films d’auteurs. Mutisme qui n’est pas là pour laisser respirer les images, mais pour re-signifier les informations distillées ici et là par les dialogues : on sent les 10 ans de prison, la solitude, la mélancolie …
Pourquoi par ailleurs, et là est la question ultime, utiliser le motif récurrent de Pink Floyd, et choisir « Hey You » et « Mother » alors qu’il y un morceau du même groupe, certes moins facilement comestible, mais qui s’appelle « Dogs » ?
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