Le vent s'engouffre entre les façades craquelées, emportant poussière et cendres. Les traces ténues laissées par les pas s'effacent. Black Dog est une errance, une respiration suspendue entre deux mondes : celui d'avant, dont on s'est arraché, et celui qui viendra, encore trop incertain pour qu'on ose y croire.
Lang revient, mais à quelle fin? La ville qu'il connaissait s'est figée en silence de béton. Immobile, elle s'étire tel un souvenir fané que le temps n'a pas achevé d'. Au détour d'une ruelle, un chien noir. Il aurait dû le chasser. Pourtant il demeure là, à l'observer. Et Lang hésite.
C'est dans cette hésitation que se joue le film. Guan Hu ne cherche pas l'évidence mais capte fragments d'ombre et lumière, laissant la caméra respirer entre deux silences. Il filme le vide tel une présence, le é comme un fantôme familier.
Eddie Peng incarne Lang avec une gravité silencieuse. Il parle peu mais chacun de ses regards en dit trop. Dans son corps, une lassitude ancienne; dans ses gestes, le poids de ce qu'il tait. Il marche sans but, et peut-être ce chien est-il la seule chose qui encore l'ancre à quelque chose de tangible.
Le film ne cherche à expliquer. Il laisse planer, laisse sentir. Comme un écho dans un lieu délaissé, comme un souffle perdurant après l'oubli. Black Dog n'impose rien. Il se fond lentement, tel un rêve dont on ignore s'il fut réel.