Ce court métrage d’animation tient du miracle, à l’image de ceux illustrés par certains vitraux. Émilie Mercier adapte ici le lai du Bisclavret, composé par une certaine Marie de au XIIè siècle.
Première question : qu’est-ce qu’un lai ? Il s’agit d’un récit en vers destiné à être chanté ou accompagné à la harpe, la vieille ou tout autre instrument mélodieux. Il s’agissait généralement d’histoires d’amour mêlées de merveilleux.
Deuxième question : que désigne le Bisclavret ? Probable déformation du terme en ancien breton, ce mot désigne un loup-garou.
Troisième question : qui était Marie de ? On sait juste qu’elle entreprit de retranscrire sous forme écrite 12 récits des anciens bretons qu’elle trouvait particulièrement beaux, pour qu’ils ne tombent pas dans l’oubli. Ces récits trouvent leur origine dans des temps bien plus anciens que le XIIè siècle. Il semble que Marie de vivait en Angleterre, à la cour du roi Henri II.
Le récit nous vient donc du Moyen-Age, avec un style propre à cette période, parfaitement respecté par ce que propose la réalisatrice de ce film de 14 minutes, bien que le texte soit un peu raccourci par rapport à l’original. Son choix est de s’inspirer de la technique des vitraux pour les images. Pour cela, elle utilise des pantins pour les personnages et des fonds de couleurs pour les décors et paysages. L’éclairage donne un rendu magnifique, avec de superbes couleurs et une très belle luminosité. Bien-sûr, avec une telle technique, les formes sont un peu stylisées et les traits des visages très simplifiés. Mais, cela colle parfaitement avec le texte, une histoire qui présente des aspects un peu naïfs. Autrement dit, au Moyen-Age on ne racontait pas une histoire comme maintenant.
Ce court métrage qui peut être montré à un public jeune séduit par sa fraicheur, marque par son universalité et enchante par toutes les nuances données par la réalisatrice aux situations et personnages (une soixantaine en tout), tout cela mis en valeur par la BO composée par Olivier Daviaud qui utilise des instruments bien adaptés, orgue, violoncelle et flûte notamment. Il s’agit de l’histoire d’un baron breton marié à une jeune femme. Couple modèle au premier abord, mais miné par un secret, celui du baron qui trois jours pleins chaque semaine, disparait sans que nul puisse donner la moindre explication à sa femme.
Située au Moyen-Age, l’histoire donne évidemment une place particulière à la femme. On remarque néanmoins que c’est elle qui utilise une clé, non pour fermer une ceinture de chasteté, mais pour mettre en sûreté ce qui manquera cruellement à son mari. Et puis, alors qu’elle a été présentée comme très amoureuse, elle ne e pas les confidences qu’elle arrache au baron à force de cajoleries et se jette dans les bras d’un autre homme. Dans un premier temps, le baron est présenté comme un homme qui subit son destin (ses disparitions comme la fourberie de sa femme). Mais sa grande bonté et sa droiture lui permettront de retourner la situation. Le châtiment de sa femme paraît bien léger car, même si sa lignée restera marquée à jamais, le film la montre finalement avec des images de bonheur familial.