Beneath, réalisé par Larry Fessenden en 2013, avait tout pour devenir un petit film de genre efficace, voire un hommage sincère aux séries B aquatiques des années 70. Malheureusement, si le monstre est bien dans le lac, la tension, elle, reste en surface.
Le point de départ est pourtant engageant : un groupe de jeunes se retrouve piégé sur un canot au milieu d’un lac, traqué par un poisson géant. Un décor confiné, un prédateur invisible, des dynamiques humaines appelées à exploser : la recette semblait familière mais efficace. Pourtant, le film peine à tirer parti de ce huis clos potentiel. L’ambiance manque de mordant, et les interactions entre les personnages, censées révéler leurs failles ou leurs tensions, sombrent trop souvent dans la caricature.
Ce qui frappe, c’est la pauvreté de l’écriture. Les personnages sont schématiques, parfois même antipathiques, ce qui rend leur sort difficile à appréhender avec empathie. On sent que Fessenden veut explorer la nature humaine face à une menace invisible, mais la direction des acteurs et les dialogues plats rendent cette exploration peu crédible. L’escalade de la paranoïa est là, mais elle sonne faux.
Le monstre lui-même, bien que volontairement kitsch, aurait pu être le cœur battant du film. Mais même sur ce plan, Beneath reste timide. Le choix d’un effet pratique old school est louable et participe d’un certain charme rétro, mais le film ne parvient pas à rendre la créature réellement menaçante ou mémorable. Elle finit par apparaître comme un simple gimmick, une excuse pour lancer le drame humain, sans que l’un ou l’autre ne fonctionne pleinement.
Fessenden, pourtant cinéaste expérimenté du cinéma indépendant d’horreur, ne parvient pas ici à installer une tension durable. La mise en scène manque de rythme, les cadrages restent plats, et le montage ne parvient jamais à créer une montée dramatique soutenue. À force de vouloir être à la fois un drame psychologique et un film de monstre, le film se retrouve entre deux eaux.
Ma note de 4/10 reflète avant tout une déception. On sent une sincérité dans la démarche, une volonté de revisiter un genre désuet avec amour et minimalisme. Mais la sincérité ne suffit pas quand la mise en œuvre laisse à désirer. Reste un objet étrange, pas totalement dénué d’intérêt, mais trop brouillon et maladroit pour réellement convaincre.
Beneath laisse une impression d’inachevé. L’idée de base, pleine de potentiel, se dilue dans un traitement trop hésitant, des personnages peu attachants et une réalisation sans relief. Ce n’est pas un naufrage total, mais une traversée tiède d’un lac qui aurait pu être bien plus inquiétant.