Le combat d'une mère infirmière dans un immeuble populaire, persuadée contre vents et marées que sa fille est destinée à devenir la star d'un film intitulé Bellissima, simplement car la petite a été retenue par un casting. Un personnage beau parleur lui fait miroiter de pouvoir garantir que la petite sera sélectionnée si elle lui accorde ses faveurs. Dans le même temps, la mère fait des dépenses inconsidérées pour payer à la petite des cours de comédie et de danse, alors qu'il est évident que la gamine est trop petite, n'a pas de talent particulier et en souffre.
La petite fait un banc d'essai, et la mère assiste à la projection des rushes. L'équipe de production éclate de rire en voyant les hurlements de la petite, qui éclate en sanglot. Furieuse, la mère surmonte sa honte et sa désillusion brutale pour les confronter. Après coup, ils viennent la trouver et lui offrent un contrat juteux, mais la mère comprend qu'ils veulent exploiter le ridicule de la gamine. Elle refuse et se rabiboche avec son homme (l'aventure leur aura coûté leur espoir de changer pour une petite maison).
Une intrigue éminemment touchante, qui rappelle Balzac ou Zola, sur un personnage prêt à tous les sacrifices (et toutes les illusions) dans l'espoir de permettre à sa progéniture une ascension sociale. On s'inscrit dans la veine de cinéma réaliste de l'immédiat après-guerre, avec des décors d'immeuble populaire où on entend tout ce que fait chacun depuis la cage d'escalier, de guinguette au bord d'un ruisseau, de salles d'attente de studios, d'arrêts de bus, etc...
Evidemment, impossible de ne pas souligner la prestation d'Anna Magnani, qui écrase le film avec son personnage de mère au tempérament de feu, qui essaie par son verbe haut et inarrétable de déer des situations qui semblent démentir tous ses rêves. De manière générale, le film a tout pour conforter le stéréotype des Italiens incapables de silence. De très nombreuses scènes du film montre des groupes entiers d'Italiens s'engueuler entre eux en parlant avec les mains. N'y allez pas si vous avez envie de calme et de contemplation : ici on est dans le feu des ions et la hauteur du verbe.
Bellissima est un film social et moral sur la capacité à s'illusionner et la difficulté d'échapper à sa condition. C'est un film profondément touchant, à ne pas manquer si vous aimez le cinéma social italien de l'immédiat après-guerre.