Barry Lyndon par legueuloir

Barry Lyndon, c'est tout d'abord un livre. Celui de William Thackerey. Ce livre, Stanley Kubrick a choisi d'en faire un film. Et c'est de ce film que je vais vous parler.

Barry Lyndon est sans conteste un des films les moins connus de ce génie qu'est Kubrick. Et c'est pourtant l'un des meilleurs. Barry Lyndon, c'est aussi trois années de travail monstre, pour obtenir un rendu à l'image des plus parfait. Car Stanley Kubrick est un maniaque du détail. Il a voulu que son œuvre soit pure, que l'esthétisme de chaque plan fasse que l'on ait en face de nous le tableau d'un maître flamand. En effet, il a utilisé des bougies et s'est servi de la lumière naturelle comme seul éclairage, et les décors sont tous réels et la posture des personnages copiée des tableaux de De La Tour. Il a traqué chaque ombre, chaque détail, travaillé les couleurs. On pourrait même croire, si c'était possible, qu'il a utilisé un pinceau pour parfaire ses plans sur la caméra tellement l'image est impeccable. Si l'on devait citer un chef d'œuvre accompli du septième art, ce serait sans conteste Barry Lyndon, même s'il est laissé pour contre, et connu des seuls amateurs de Kubrick.

La marque du maître (ici Kubrick) se reconnaît à ses perpétuelles musiques tirées de compositeurs classiques. On a alors droit à la Sarabande de Haendel pendant plus de vingt minutes et au trio pour piano de Schubert. Même si cela paraît long, on reste quand même devant l'écran et on aime ça. Le choix de ces musiques rend authentique l'époque retracée, et on ne regarde plus ce film pour son scénario, mais pour la beauté de l'image, des personnages, des costumes tellement réalistes (Kubrick les a choisi à partir de tableaux d'époque) et de la musique qui s'accordent à merveille. Certains pourraient être réticent à la vue de ce film long (trois heures tout de même) et rigoureux. Mais il serait une erreur fatale de s'endormir devant les scènes de guerres, ridicules, certes, mais tellement représentatives de l'époque, ici la guerre de sept ans. Le ridicule du personnage de Redmond Barry (Ryan O'Neal), irlandais ruiné, qui deviendra plus tard Barry Lyndon, est montré tout au long de son ascension sociale, puis de sa chute, qui sera le fruit de sa naïveté et de sa mégalomanie.

Donc, ce cher Barry, fauché comme les blés, est contraint de quitter l'Irlande à cause d'un duel où il tue l'amant de sa cousine. Il s'engage dans l'armée anglaise, déserte, puis ret l'armée prussienne pour sauver sa peau. Il n'a qu'un but: devenir riche, noble et être couronné de gloire. C'est ainsi qu'il parvient à fréquenter la haute société européenne par le biais de son protecteur. Après quoi il séduit Lady Lyndon, une riche aristocrate anglaise, qu'il épouse après que son mari soit mort en ayant appris l'infidélité de sa femme. Lady Lyndon a déjà un fils de son premier mariage, qui le hait profondément et caa sa perte. Naît ensuite le fils de Barry et de la comtesse Lyndon, qui sera favorisé et entraînera la jalousie du premier. Ce film est un chef d'œuvre du genre, historique d'une part, et dramatique de l'autre.

Avec ce film, Kubrick nous prouve encore une fois sa maîtrise dans l'art du cinéma, et nous montre sa grandeur en tant qu'artiste perfectionniste, peignant son tableau d'un style régulier et délicat.

Oscar
9
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le 16 févr. 2011

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legueuloir

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