Barberousse. Le film préféré de mes éclaireurs. Ça aurait été plus simple de se cacher en mettant un 6 ou un 7 e-partout mais on n'est pas sur senscritique pour faire un consensus autour de ses goûts. Donc je m'attaque à un monument. LE monument même. C'est bien simple, s'il avait suffisamment de notes, il serait en tête du top 111 du site. 8,7 de moyenne globale, 9,5 chez mes éclaireurs. Ça classe tout de suite son film.
Mais voilà, je ne l'ai pas aimé. Cela me donne un bien étrange sentiment, mêlant déception, frustration, un soupçon d'exaltation tout enfantin dû à la transgression et surtout une grande incompréhension. Ça me fait probablement perdre le peu de crédibilité que j'avais, j'ai déjà un désabonnement d'ailleurs, mais tant pis. Je ne vais pas être hypocrite.
J'ai regardé Barberousse sur un conseil de Dimitricycle. J'avais déjà beaucoup aimé Les sept samouraïs, alors une grande fresque de Kurosawa ne pouvait pas me rebuter. Belle désillusion.
Alors oui, il y a une peinture de l'extrême désœuvrement du peuple japonais, de l'incidence du comportement humaniste d'un médecin expérimenté sur un plus jeune ambitieux et orgueilleux. Et surtout, ça transpire des plus beaux des sentiments humains. Enfin ça, c'est surtout ce que j'imagine les autres ressentir, car moi je l'entraperçoit seulement. Et puis avant tout, je me suis profondément ennuyé, et chose rare pour moi, même assoupi quelques minutes.
Les différentes histoires toutes plus rocambolesques les unes que les autres ne m'apparaissent que comme du sous-Dostoievski raté. Plus proche des mésaventures invraisemblables de Desperate Housewives que du prodigieux écrivain russe. Et que le film s'éternise en niaiseries ! Je n'ai jamais vu un tel pathos de repenti, modestie et rétablissement d'honneur. Ça n'est pourtant pas la première œuvre japonaise que je vois. Mais ici, c'est poussé à un tel degré que ça en devient imbuvable, nauséeux. La première partie en est d'une lourdeur incroyable, un vrai calvaire. Heureusement, après l'entracte cela s'améliore sérieusement.
Et alors que j'avais déjà du mal à ingurgiter le morceau, Kurosawa nous sort une scène improbable. Son médecin parfait qui se mue en un combattant redoutable, estoquant en deux temps trois mouvements une dizaine de rudes gaillards, tel un vulgaire Steven Seagal. A cet instant, je fus consterné (et probablement consternant pour vous).
Pour couronner le tout, le personnage de Barberousse. Alors rien à reprocher au jeu de Toshiro Mifune, c'est tout de même pas Jo le clodo. Mais ce personnage ! Rien d'empathique. Tellement parfait, tellement bienfaiteur de l'humanité qu'il est précisément dénué de toute humanité. La bonté du Christ semble prosaïque en comparaison.
Peut-être suis-je imperméable à la culture japonaise ? D'ailleurs je n'aime pas non plus Miyazaki, ça vous brosse un sacré tableau, suffisant pour un procès à charge. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas aimé ce film. Sa vision me fût même pénible. Mais je ne m'en cacherai pas. Tant pis, cela sera mon ultime faute de goût.