Barberousse fait partie de cette poignée de films qui ont transformé à jamais mon regard sur le cinéma et sur le monde. Une œuvre sublime de bout en bout, qui continue de me hanter aujourd'hui encore. Bien plus que cela. Il s'agit d'une réflexion prodigieuse sur l'humanité et l'humanisme. Une démonstration magistrale et universelle de l'inarrêtable marche en avant de l'humanité dès lors que les individus prennent conscience de leur pouvoir de transformation des rapports sociaux. Une œuvre virtuose sur la la transmission et la nécessité d'avoir un maître pour mieux pouvoir s'en er. Une aiguillon salutaire pour rappeler les hautes valeurs morales qui devraient habiter tous ceux qui embrassent la vocation de soignants, loin de la recherche du lucre et de la gloire. Enfin, une peinture sociale édifiante et poignante sur un système politique rétrograde et inique, terrassé par ses propres excès, qui ne subsiste qu'en dissimulant, par ses mensonges, la réalité de sa propre mort, .
Barberousse est une œuvre grandiose sur la plan formel, une fresque historique spectaculaire servie par une mise en scène virtuose et une galerie d'acteurs prodigieux. Kurosawa ne tombe à aucun moment dans l'écueil du manichéisme ou de la démonstration empesée. Les personnages qui habitent son œuvre ne sont pas des héros, simplement des êtres humains qui incarnent la dimension ontologiquement ambivalente de l'humanité, à la fois sombre et lumineuse, brutale et aimante, égoïste et infiniment généreuse. Son message se dévoile d'une manière limpide et édifiante comme un traité d'humanisme aux échos intemporels et universels. Chef d'œuvre ? Le mot semble faible.