Il y a autant à rire de ce que propose Fabrice Eboué que de ce que Barbaque peut susciter de réactions épidermiques et outrancières de certaines vierges effarouchées sur le site.
Rigolo aussi de constater qu'une personne, lors de ma séance, n'a tenu qu'environ vingt minutes avant de sortir de la salle et de parler au caissier de son dégoût, avant d'affirmer qu'une telle oeuvre... Devrait être tout simplement interdite d'exploitation !
Oui, définitivement, il y a de quoi rire de telles attitudes.
Et c'est le parti pris par Fabrice Eboué, que le masqué ne tenait pas jusqu'ici en très haute estime après avoir vu ses premières oeuvres en tandem avec Thomas Ngijol.
J'ai donc été plus qu'étonné de me réconcilier avec lui le temps d'une heure trente deux de projection assez folles, tant il va jusqu'au bout de son propos et pousse loin les curseurs de l'irrévérence outrancière. Evitant l'écueil du simple film à sketchd, Barbaque se dessine ainsi dès ses premières minutes aux antipodes des habituelles comédies françaises toutes identiques et calibrées pour ne froisser absolument personne, baignant dans une bienveillance confite et sentant quelque peu le rance.
Fabrice Eboué ressusciterait presque l'esprit bête et méchant de la revue Hara Kiri, tant il s'en donne à coeur joie dans un certain aspect réaliste, dans sa satire qui n'épargne personne, et surtout pas les travers de ses contemporains tour à tour intolérants, veules, racistes, matérialistes, d'une naïveté confondante ou d'une bêtise crasse. Eboué tire sur tout ce qui bouge avec une acuité réconfortante, alors que la tiédasserie fédératrice du genre comédie semble être érigée comme une valeur cardinale.
Et tandis que les débordements de violence en raidiront certains, il est tout simplement impossible de ne pas être conquis par la joie communicative de Barbaque, son humour noir vachard, son oeil frondeur et son sourire complice de sale gosse qui ne fait que vous dire qu'évidemment, tout cela n'est que du cinéma.
Doublé d'une réinterprétation / parodie hilarante de Faites Entrer l'Accusé, histoire de rendre attachant ce couple déjanté d'anti-héros au bord de la rupture, puis partners in crime s'enfonçant peu à peu dans leurs ténèbres intimes, faisant balancer le film entre la comédie romantique vantée par son affiche, la question de l'identité masculine et un suspens bienvenu qui tient formidablement bien la route.
En imitant certains élans d'oeuvres telles que Sweeney Todd, Barbaque rappelle ainsi qu'il n'y a rien de tel pour une viande de qualité que d'être servie saignante, les gourmets vous le diront.
Behind_the_Mask, en pleine démarche personnelle.