Ballerina
6.4
Ballerina

Film de Len Wiseman (2025)

Ballerina, Len Wiseman, U.S.A, 2005, 124 min

Commençons par le commencement, la création de « Ballerina » s’est faite dans la douleur. Prévu initialement pour 2024, le film a connu masse de reshoot après des projections tests calamiteuses. Les rumeurs parlent même d’un retournage d’environ 90 % de l’ensemble, qui aurait eu lieu en l’espace de trois mois, afin de redonner du crédit à une œuvre qui n’est pas un vulgaire film de baston. Non, « Ballerina » se place dans l’héritage direct de l’une des meilleures sagas d’action de ces dernières décennies : « John Wick ».

En même temps, pour porter à bien cette entreprise, les producteurs ont visiblement trouvé que c’était une bonne idée de confier ça à Len Wiseman. Cinéaste américain médiocre, ou correct au mieux de sa forme, ce dernier n’avait pas mis en scène de long-métrage depuis 2012, et le pitoyable remake de « Total Recall ». Depuis abonné à la réalisation d’épisodes de séries sans grandes envergures, c’est donc bien là un choix étrange, surtout pour s’assurer de la qualité d’un projet tel que « Ballerina » se revendique.

Retourner en tournage après la finalisation d’un film, ce n’est jamais bien positif et ça annonce en général le pire. Ce genre de procédé laisse des cicatrices, ce qui est le cas pour « Ballerina » qui, par moment, ressemble à un hybride entre une énième entrée dans le banal catalogue de film d’action à la con et une œuvre cinématographique aboutie s’inscrivant dans la directe lignée des « John Wick ». C’est-à-dire un paquet d’adrénaline fun et généreux, balancé à la tronche de l’audience sans aucune retenue. Heureusement pour nous c’est ça qui en ressort davantage, car malgré ses défauts mineurs et un démarrage en première, le film révèle tout son potentiel et sa maestria.

Le principal problème réside dans un premier acte bancal, dû à un scénario insipide qui désespère de conter un drame humain profond, par des éléments émotionnels éculés qui ne fonctionnent pas. L’histoire prend la voie de l’origin story, en essayant de nous raconter d’où vient Eve, la protagoniste, et quelles sont les motivations qui ont fait d’elle une tueuse ultra badass. Du coup, le récit patine pendant près de 30 minutes dans des explications peu intéressantes et absolument inefficaces. Là où John Wick se contentait d’un deuil, d’un chien tué et d’une voiture volée, comme base pour justifier quatre films, au long desquels le personnage et ses mystères sont explicités.

Dans « Ballerina », Eve Macarro, incarnée à la perfection par Ana de Armas, est une jeune femme dont l’enfance n’a pas été un havre de paix. Papa a été tué par de méchants pas beaux et le seul refuge qu’elle ait trouvé est au cœur d’une société secrète qui élève et entraine de futures tueuses à gages. C’est convenu, c’est cliché, c’est faiblard et bien trop classique dans son exécution, avec un besoin permanent de devoir tout expliquer. Ça ne marche pas et c’est tout boursoufflé. Ce n’est jamais émouvant, puisque c’est cousu de fil blanc, du vu et du revu.

Mais surtout, c’est que l’histoire on s’en fout un peu, ce qui importe dans ce genre de production, c’est le prétexte qui amène aux séquences d’action haletantes et explosives. Des raisons simples qui permettent d’exposer le personnage principal, pour mieux le développer au compte-goutte. De plus, le métrage s’embourbe dans un besoin de rappeler sans cesse que ça se e dans l’univers de « John Wick », par des clins d’œil incessants et des caméos peu nécessaires, qui ne font qu’alourdir l’ensemble.

Puis, à un moment, le film démarre enfin et ouvre les vannes de la castagne. Légèrement timorée dans un premier temps, plus le métrage avance et plus il se montre généreux. Il enchaîne dès lors des scènes d’action over-the-top et des enchaînements de bastons chorégraphiées des plus spectaculaires. Avec un ton qui bascule dans le cartoonesque, propre à la quadrilogie « John Wick », il s’aventure également dans une progression proche du jeu vidéo, et c’est bon. Le charme opère et « Ballerina » trouve son identité, laisse tomber toute tentative d’histoire larmoyante, assume à 100 % son délire de grosse bagarre qui tâche et devient absolument jouissif.

Le problème majeur du métrage, en dehors du fait qu’il soit réalisé par Len Wiseman j’entends, c’est qu’il est prisonnier de « John Wick ». Il prend beaucoup trop de temps pour exister par lui-même, et se révèle excellent lorsqu’il cesse d’essayer d’être comme « John Wick ». Paradoxalement, c’est aussi quand il assume d’être un pur John Wick-like qu’il se métamorphose en un authentique plaisir de cinéma bourrin. Finis d’être dans l’imitation de bas étage et place à l’exécution millimétrée des codes et des conventions définies par l’univers développé par Chad Stahelski et Keanu Reeves depuis 2014.

Nous sommes donc és à côté du pire, merci aux producteurs (pour une fois) soucieux de l’image de marque véhiculée par les spin-offs de la saga. Déjà que la série « The Continental » n’était pas terrible… Au moins, avec « Ballerina » l’engagement est rempli, les promesses sont tenues, et saluons au age la prestation d’Ana de Armas, qui, en plus de porter tout le film sur ses épaules, a accompli elle-même une partie de ses cascades.

SI la réalisation reste créditée au nom de Len Wiseman, pour des histoires de contrats, au final « Ballerina » est plus l’œuvre de Chad Stahelski. Ce dernier est parvenu à délivrer une sorte de « John Wick 3.5 » (grâce à un caméo qui pour la peine, vaut le détour) et annonce du bon pour l’avenir de la saga. Il démontre aussi qu’il est possible de se réinventer et de se montrer original, même au cœur d’un univers aussi développé et balisé que celui dans lequel évolue désormais Eve Maccaro. Il est même très certain que l’on pourra compter sur elle dans le futur, pour alimenter massivement le marché des pompes funèbres à gros coup de flingue et de pétage de nuques.

Stork._

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Peeping Stork

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