Avant que nous disparaissons est un film de science-fiction de Kiyoshi Kurosawa (rien à voir avec Akira Kurosawa). Adapté d’une pièce de théâtre, il raconte l’histoire d’une invasion extra-terrestre sur Terre par le biais de trois aliens qui prennent possession des corps de trois humains au Japon. Bien que que l’idée n’est pas nouvelle, quelques films ayant déjà explorés cette voie (L’Invasion des profanateurs de sépultures, The Faculty…), Kurosawa propose une vision très minimaliste, plus proche du film d’auteur que du blockbuster hollywoodien.
Le film suit donc les péripéties des trois envahisseurs et de leurs deux guides. Deux des extra-terrestres se sont incarnés dans les corps d’une lycéenne et un jeune homme, et ont convaincu un journaliste qui enquête sur l’horrible massacre d’une famille de les guider sur terre. Ils ont pour mission de comprendre comment les humains fonctionnent, de retrouver leur troisième acolyte et er leurs congénères pour donner l’envoie de l’invasion. Le dernier extra-terrestre se retrouve dans la peau d’un homme marié qui vient de se séparer de sa femme, étant complètement perdu et déboussolé son épouse se voit dans l’obligation de prendre soin de lui, ce qu’elle e difficilement. Mais peu à peu des sentiments naissent entre eux.
On peut reprocher au film d’être trop long, car la mise en place de l’intrigue est particulièrement lente. Alors que le retrait de beaucoup de longueurs répétitives auraient pu facilement enlever vingt minutes de film en allant directement à l’essentiel. Mais malgré ce défaut, le film est très plaisant à voir. Notamment grâce à de nombreux moments d’absurdités, quasi comiques, qui parsèment le film (l’extraordinaire naïveté des extra-terrestres, le gouvernement japonais qui réagit en envoyant une équipe de bras cassé surveiller les envahisseurs, la violence soudaine dont fait preuve l’une d’elle…). Mais le plus intéressant, qui est d’ailleurs l’idée la plus brillante du film, est le concept du… vol de concept ! En effet les aliens ont la capacité de voler des concepts humains en touchant tout simplement le front des personnes quand ils réfléchissent aux dits concepts, tout en les effaçant de leur mémoire. Cela peut être le travail, la famille, la propriété privée, ou encore le « moi »… Plus que des concepts ce sont même des « valeurs », et le film montre les gens qui en ont été volés comme étant plus heureux sans. Ce qui rend le long-métrage plus subversif qu’il n’y parait (ces concepts/valeurs étant essentielles dans nos sociétés modernes) et pousse à la réflexion. Pourtant, il reste un concept qui ne rend pas heureux la personne qui en a été dépossédée : l’amour. Un pouvoir qui aura des répercussion inattendu dans la conclusion du métrage. Ce qui aurait pu être naïf en théorie, est finalement montré sans mièvrerie aucune. Grâce notamment à une mise en scène singulière et sobre, se concentrant essentiellement sur la psychologie des personnages, bonifié par une interprétation irréprochable des acteurs. Une proposition filmique amplie de fraîcheur qu’on apprécie volontiers.
Avant que nous disparaissons est un film de science-fiction minimaliste, où l’humour absurde côtoie une réflexion sur les valeurs de la société, qui aurait gagné à être plus court.