Plus fort qu'Ali contre Frazier, Stewart Vs C. Scott

Il y a parfois des films qui durent 1h30 et paraissent ne jamais finir et puis il y en a qui approchent les 3 heures et qui semblent défiler à toute vitesse.

Anatomy of a Murder fait parti de la seconde catégorie, tirant parti de la faiblesse de son synopsis de départ, un homme pris de rage par la viol de sa femme décide de se venger et abat son bourreau, il en devient une force délectable. Préquelle ou suite spirituelle de 12 Angry Men, il en réutilise les codes, se déroulant toujours dans l'univers judiciaire, on retrouve cette l'absence de manichéisme, et ce doute persistant pour prêcher le faux du vrai.

La véritable prouesse du film c'est de s'appuyer sur un récit qui nous offre dès le début les premières réponses pour finalement ne plus nous lâcher jusqu'au dénouement final. Et en 2h40, le rythme soutenu imposé ne baisse pas un seul instant, alors que l'accusé devient presque secondaire, sur cet échiquier géant sur lequel James Stewart et George C. Scott s'affronte dans des joutes verbales d'anthologie, lors d’interrogatoires épiques enchaînant les questions intelligentes et pertinentes. Dans ces circonstance, pas besoin d'avoir recours à d'artifices, ou de faux suspens pour éveiller et maintenir notre intérêt, en prenant le parti de rendre ce couple ambigu, on suit ce procès savoureux et on attend toujours le prochain coup et la réaction de l'adversaire.
Les traits d'humour de Stewart face à la ténacité de C. Scott font merveilles et le dénouement est toujours plus incertain.

Anatomy of Murder, c'est la quintessence du procès, filmé à la perfection et interprété de manière magistrale qui se permet même le luxe d'y ajouter une amitié complice et touchante entre deux avocats déchus, l'un devenu pêcheur et l'autre ayant un goût trop prononcé pour l'alcool.
Mais c'est surtout une magnifique leçon que nous délivre Mr Preminger, rendre quelque chose d’anodin et de classique absolument grandiose...
10
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le 6 oct. 2013

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Ludovic Stoecklin

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