🔴Pour le lecteur pressé, en moins de 3 minutes : https://youtu.be/QN6Wh3krGas
? Et s'abonner à cette chaîne Youtube où je publie régulièrement ces articles, pour n'en rater aucun !🔴
Cléopâtre, orgueilleuse, sublime et piquante comme un scarabée sous LSD, lance un défi à César : construire un palais en trois mois, top chrono. Pour clouer le bec à ce vaniteux à frange de statue. Résultat ? Une mission confiée à Numérobis, architecte borderline, enthousiaste comme un pingouin sous amphètes, qui rame si fort qu’il finit par faire appel aux Gaulois : Astérix, Obélix et leur précieuse potion magique. Spoiler : ça va barder, ça va cogner, ça va rire.
Il y a des films qui se contentent de raconter une histoire. Et puis il y a Mission Cléopâtre, qui construit une cathédrale de gags sur une pyramide d’absurde. Chabat, aux manettes, n’adapte pas Goscinny : il le métabolise. Il transforme un album BD en feu d’artifice pop, en carnaval sonore, en millefeuille visuel. Ça parle latin, ça boxe en sabots, ça chante IAM dans le désert et ça parodie Matrix en sandales. Une orgie visuelle où chaque scène devient un microcosme burlesque.
Christian Clavier campe un Astérix vif, bien qu’un brin scolaire dans ses répliques. Gérard Depardieu est un Obélix tout en rondeurs et en tendresse brute, une sorte de nounours irascible qui distribue des baffes comme des croissants. Mais Jamel Debbouze explose l’écran avec un Numérobis maladroit, attachant, et plus drôle qu’un barde enrhumé dans un tunnel. Alain Chabat, en César plus grinçant que grandiloquent, cabotine avec une gourmandise jubilatoire, façon Louis de Funès sous amphétamines. Monica Bellucci, divine Cléopâtre, parle peu mais découpe l’écran avec sa prestance de déesse pop.
Mais le génie du film réside dans ses détails : un monologue d’Otis (Édouard Baer) sur l’ennui existentiel qui devient culte avant même la fin de la phrase ; un Amonbofis (Gérard Darmon) jaloux comme un crocodile mal luné ; des ouvriers philosophes et un scribe au bord de la crise de nerfs. Les dialogues, truffés d’oxymores et de références absurdes, atteignent un niveau de poésie urbaine rare dans le cinéma populaire. C’est une symphonie de non-sens millimétré. Une déclaration d’amour au burlesque, au cartoon et à l’idiotie sérieuse.
Mission Cléopâtre est un joyau d’irrévérence, plus culte qu’une VHS de Kaamelott signée à l’encre de seiche. Un film qui cite à la fois Platon, Eddy Mitchell et Les Nuls, qui mélange architecture antique, punchlines de comptoir et caméos d’anthologie. Et entre deux jets de potion magique, il te rappelle que l’humour, le vrai, celui qui dure, c’est celui qui a du panache. Et un menhir.
Non, ce film n’a pas vieilli. Il est juste devenu… mythologique. Comme une fresque gravée au laser dans un obélisque en chocolat noir.