Le série B est un film produit à faible coût. La contrainte financière impose un scénario linaire, des acteurs professionnels de second plan, un tournage rapide, si possible en huis clos. Toujours par souci d’efficacité, il s’inscrit dans un genre, le western, le polar, la SF, l’horreur... John Carpenter est le maître incontesté de la série B, il toucha le graal dès son premier long métrage. Il pensait réaliser un western, un hommage à Rio Bravo. Des contraintes de budget – il ne dispose que de 100 000 € – le contraignent à revoir sa copie : il tournera un polar dans la banlieue de Los Angeles.
Dès les premières secondes, la musique, signée du maitre, crée une atmosphère sobre et synthétique, froide et métallique. Les 45 minutes suivantes posent le décor. Une banlieue pauvre, une violence endémique, une alliance entre banque rivales et ethniques, un meurtre et l’assassinat d’une enfant. Big John s’interdit dialogues ou scènes inutiles. Il montre et jamais ne commente.
Un concours de circonstances réunit une demi-douzaine de policiers, des condamnés à mort et un fugitif dans un poste de police réformé. Dès les premières balles, une moitié est tuée. Le chef de poste et son assistante sont contraints de s’allier aux captifs rescapés pour repousser les assauts, étrangement silencieux, des tueurs. Le téléphone est coupé, les voisins terrorisés. Ils sont seuls.
La peur nait de l’irruption de l’inconnue en milieu connu. Que veulent-ils ? Qui sont-Ils ? Nous l’ignorons. Les gangsters sont anonymes, ils tuent et meurent en silence. Leurs visages n’expriment rien d’autre que le fanatisme. Ce film date de 1976, l’année de la canicule. Si voitures, téléphones et rouflaquettes ont pris un charme vintage, la brutalité touche toujours. Assault n’a pas vieilli.
En sacrifiant aux trois unités du théâtre classique : une journée, un lieu, une action, Carpenter livre un exercice de style magistral, le mètre étalon du série B.
Au premier round, succèdent deux nouvelles attaques. Impuissant, le spectateur est piégé dans le poste de police, un local dont il a tôt fait le tour. Tel le père de la gamine, il git au sol, abasourdi par le feulement des balles et le claquement des impacts, terrorisé par la chute des corps. Incapable de se défendre, il ferme les yeux et remet sa vie dans les mains de héros, dont les rangs s’éclaircissent. Maudissant le destin qui l’a conduit ici, il se laisse gagner par la panique. C’est fini...
"Got a smoke ?"