Premier film du hongkongais Wong Kar Waï, As Tears Go By va en fait sonner comme un précurseur à son oeuvre: à la fois dans les thèmes abordés et dans la réalisation.
L'histoire tourne autour de Ah Wah, recevant chez lui sa cousine Ah Ngor qui doit se faire hospitaliser. Ce "séjour" va durer peu de temps, la seconde doit en effet retourner dans sa ville d'origine pour travailler, mais une certaine complicité va se former entre eux deux, qui va éclore en amour ionnel.
Afin d'ajouter un peu de piquant à l'affaire, le réalisateur nous plonge dans le monde de la mafia et des criminels de Hong-Kong, puisque Ah Wah , accompagné de son ami Fly est empêtré dans des affaires d'argent, de dettes et compagnie.
Cette histoire d'amour va donc rapidement être prise d'assaut par les rixes et règlements de comptes auxquels Ah Wah doit participer. C'est aussi un moyen de montrer toute l'amitié, la fraternité qui réside entre celui-ci et Fly, le premier doit toujours s'occuper du deuxième qui a tendance à mal évaluer les dangers du milieu hostile qui l'entoure.
On assiste donc à une mise en scène du thème qui tient énormément à coeur Wong Kar Waï, l'amour, mais mélangé au milieu des malfrats et des ruelles sombres de la mégalopole ; le film n'est pas sans rappeler ce qu'a pu faire Johnnie To (je pense notamment à Election).
Les acteurs jouent globalement bien leurs rôles, un peu faibles à certains moments, mais restent dans l'ensemble convaincants. Le réalisateur trouvera tout de même plus tard des acteurs plus emblématiques, tels Tony Leung ou encore Faye Wong.
Côté réalisation, on reconnaît la patte de Wong Kar Waï qui naît: un rythme précis, des cadrages particulièrement intéressants avec une caméra qui suit l'action et qui est au service du film, mais aussi une utilisation importante du ralenti, en particulier lorsqu'il s'agit de combats.
De même, on reconnaît son utilisation récurrente de la musique, n'hésitant pas à aller piocher dans le répertoire occidental (Take my breathe away).
Même si As Tears Go By est loin d'être l'oeuvre majeure de ce cinéaste, elle mérite tout de même son visionnage en cela qu'elle est comme précurseur de ce qui suivra, et nous présente un mélange romance/film d'action qui n'est pas tellement habituel chez lui.