C'est drôle de voir parfois comme les critiques sont unanimes pour condamner un film, là où ils glorifient si facilement les atermoiements mystico-merdiques de n'importe quel réalisateur hollywoodien en crise de sens. Alors certes la danse des twists et retwits finales donne le tournis, et certes on voit tellement les ficelles que c'est plus de la corde mais c'est de la bonne grosse chaîne de chantier renforcée; mais quelle jubilation ! Peut-être faut-il avoir l'oeil moribond, ou être profondément coincé, pour ne pas kiffer cette explosion cinématographique qui se barre dans tous les sens. Surtout que dans ce chaos, je suis sûr qu'il y a un discours. D'abord, ce film est féministe malgré lui : c'est pas souvent que l'intrigue d'un gros film tourne entièrement autour de l'isolement et de la paralysie qu'impliquent la condition de femme au foyer, et que la menace sous-jacente soit celle de la violence directe ou vicieuse des maris, qui assassinent leurs femmes ou bien les font mourir à petit feu en les enfermant. Et en plus, le fait que le film n'interdisent aucune piste, jusqu'à en être, aux yeux de vieux gars rangés des crayons, trop touffu et indigeste, eh bien c'est en soi un geste qui exprime une idée, celle que la vérité sur nous-mêmes, surtout celle qui gît cachée dans les tréfonds de l'inavouable, ne se découvre pas si facilement, et qu'elle n'est jamais uniforme.
PS : Michelle, je t'ai laissé une lettre avec des petits cœurs et des petits chatons dessinés par mes soins, mais tu ne m'as encore jamais répondu. J'attends.