Durant la Hongrie soviétique, deux femmes attendent le même homme. La première, en fin de course, attend dans son lit que son fils revienne des Etats-Unis où il mène une brillante carrière de cinéaste. Elle souffre et craint de partir avant son retour. La seconde attend le retour de son mari, prisonnier du régime totalitaire de Matyas Rakosi pour ses positions politiques. Mais il s'agit bien du même homme; pour conserver l'espoir de sa belle-mère, la fille (magnifique Mari Torocsik) fabule un extravagant mensonge de carrière aux Etats-Unis: elle prend soin de sa belle-mère et invente de farfelus histoires que la pauvre vieille femme avale sans grande peine. C'est aussi l'histoire de deux générations, de deux époques représentées par ces deux femmes qui sont à bien des égards différentes. Le ton semble donc être à la confrontation néanmoins celui-ci s'efface pour laisser nettement percevoir cet amour, sous-jacent certes mais définitivement présent, dont parle le titre. L'amour du titre, ça n'est pas l'amour que porte chaque femme pour le fils et le mari, c'est l'amour qu'elles portent toutes les deux pour le même homme, et de ce fait, l'amour qu'elles éprouvent l'une envers l'autre.
Cet amour, il est présent dans chaque plan filmé par Karoly Makk, dans chaque phrase prononcé par les actrices. Mari Torocsik, à travers un comportement faussement désinvolte et cynique, laisse percevoir une tendresse infinie pour le personnage de la mère. Celle-ci n'est pas seulement le substitut du mari absent, elle fait partie de lui et de fait, elle fait partie d'elle. Dans ce film où le présent de l'attente se mélange aux bribes du é des souvenirs et aux flashs du futur qui sera un jour présent également grâce à un montage ingénieux, les paroles mentent naïvement mais les images, elles, sont vérité pure.