Film intimiste consacrant l'éclat de la dignité humaine, selon trois expressions singulières mises en correspondance d'une même intransigeance morale. Incorruptibilité d'un engagement politique dans le cadre du régime totalitaire communiste, fidélité sentimentale d'une femme aimante pour son homme, rigueur inflexible d'une dame agée face à ses principes spirituels. Dans les faits, l'essentiel du récit se focalise sur la relation affectueuse et attentionnée d'une bru pour sa belle-mère, qui par la force de l'imaginaire parvient à entretenir l'espoir d'un retour, celui du fils/mari emprisonné. Cet espoir est aussi celui d'assurer à la vieille dame qu'elle ne partira pas de ce monde "seule comme animal". J'ai songé furtivement au principe bienveillant présent dans "Good Bye, Lenin !", bien que le subterfuge soit différent et l'enjeu plus grave ici.
Beaucoup aimé la relation affectueuse pleine de malice entre les deux femmes . Montage abrupt, très sec dans certaines séquences, nerveux, subliminal parfois, ionnant à ressentir. Il correspond aux souvenirs chaotiques déclenchés par les lettres arrangées, ou la volupté suggestive d'une chevelure irable. Beaucoup d'audace dans ce découpage, comme dans cette séquence située vers la fin, où le mari libéré revient en tramway. Des images antérieures et postérieures à l'action surgissent tandis qu'il est assis (contrôle oculaire à la prison rappelant le trauma, et vision anticipée d'éléments du réel qu'il est sur le point de redre: un banc...). La dernière séquence de retrouvailles reste intrigante. Le "happy-end" apparait indubitable, pourtant ces plans alternant leur étreinte et son égarement seul sur une chaise, isolé, ne manque pas d'éveiller un doute ?! Ecriture de la bande son, souvent indépendante de l'image, très intéressante.
Très beau film, touchant, et magnifiquement modeste !