American Sniper par Lorhkan
Le voilà donc ce film qui a tant fait polémique ! Certains y voient en effet une apologie de la guerre, de l’interventionisme américain en Irak. Avec Clint Eastwood aux commandes, réalisateur ouvertement républicain et un brin réactionnaire sur les bords, on pouvait avoir peur de ce genre de discours. Et ce n’est pas le début du film qui contredira cette assertion : un chant de prière, « Allah akbar », puis le bruit de chenilles et l’image d’un char roulant dans des rues dévastées… Premières cibles de Chris Kyle, le fameux sniper, puis flashback sur son histoire personnelle avant son engagement. On a alors droit au jeune texan cowboy un peu benêt (et un Bradley Cooper à côté de ses pompes), éduqué par un père qui prône la loi du talion, puis la Bible, puis… N’en jetez plus, la coupe est pleine !
Mais le film opte pour un revirement, petit à petit. En s’intéressant de près à Chris Kyle (par l’intermédiaire d’un Bradley Cooper retrouvé après ce début de film laborieux), ce soldat qui pousse le patriotisme jusqu’à mettre sa famille en danger. Le film ne s’attarde pas sur la facette politique du conflit. Il suit les hommes du terrain à la semelle, sans éluder le côté traumatisant de la guerre, côté civil (les terroristes ne font pas de distinction entre civils et militaires) comme militaire (syndrôme post-traumatique notamment, duquel Chris Kyle ne s’exonérera pas).
Le film mériterait sans aucun doute plus de quelques lignes pour être analyser, il y a beaucoup à en dire, et Clint Eastwood, en réalisateur rusé comme il est, ne se prive pas de brouiller les lignes en proposant ce film volontairement ambigu et récupéré par tous les bords. A chacun de se faire son idée, mais avant de crier au loup, il faut sans doute avoir vu ce long-métrage pour lequel, au-delà du propos qui peut être discuté, on ne peut pas nier l’efficacité de la mise en scène, nerveuse comme rarement. Venant d’un réalisateur de 85 ans, ça force le respect.