Parler de cinéma et de Michael Bay dans la même phrase relève sans doute, pour beaucoup, du geste kamikaze. Surtout lorsque ses plans durent en moyenne moins d'une seconde, comme dans Armageddon.
D'autant plus que la mémoire récente le cantonne à ses suites de Transformers qui ont tout de l'acharnement trépané.
Il paraît que le bonhomme a fait un tour du côté de Netflix, avec un truc qui s'appelait 6 Underground. Mais le masqué, lui, il garde plutôt en mémoire son plutôt plaisant 13 Hours et son shoot them up diablement efficace.
Et Ambulance promettait au moins cela, même si Michael, sur le terrain de la course poursuite, oscille entre le ride tout simplement décoiffant de The Island et la vulgarité totalement inconséquente et irresponsable de Bad Boys II.
Dès lors, commencer le film sur une simple conversation téléphonique représenterait presque un sacré foutage de gueule, avant de se rappeler que le cinéma de Michael Bay, sorti de ses explosions en forme de signature, sondent très souvent l'envers du rêve américain qui dépouille de son identité. Comme dans No Pain No Gain, quoi.
Mais point trop ne faut non plus de pensement existentiel dans le cerveau de la tête, hein, alors Michael, il fait rentrer vite son public dans le vif du sujet : il se dépêche de mener son braquage qui tourne mal pour ensuite s'emparer de son high concept. Car jouer au docteur maboul dans un camion à fond les ballons, c'est cela qui semble le faire plus triper, Michael Bay. D'autant plus que l'unité de temps et de lieu a pour vertu de le canaliser, ce qui fait que la durée de deux heures seize du film ne se fait pas sentir, tant il se montre exalté, intenable et énergique.
Bon, oui, il ressort aussi parfois, quand il est vraiment énervé, sa caméra épileptique et son montage en forme de mosaïque psychédélique. Sauf que ces tares habituelles collent plutôt bien, dans le fond, à l'urgence de la situation que le spectateur ne finit jamais de ressentir à l'écran, ou encore au flux d'adrénaline saturant les synapses face au danger.
La générosité de Michael Bay, au volant de son Ambulance, est manifeste, tant le plaisir du bonhomme à ressortir ses jouets préférés est évident, faisant de sa dernière super production un boum boum qui fait pin pon et plein de pan pan des plus jouissifs... Et animés de plans grisants de drones dans la ville lui permettant aussi de grimper un nouveau palier dans sa folie filmique et cinétique.
Au point que Michael livrerait presque un portrait de L.A. en forme d'exact contrepied de la vision d'un autre Michael, celui qui avait signé Collateral.
Vous devinerez donc que le foutraque habituel du réalisateur est bel et bien présent, plus que jamais. Et s'il vous sortait déjà par les trous de nez, cela ne risque pas de s'arranger.
Ceux qui monteront dans l' Ambulance, quant à eux, y trouveront ce qu'ils sont venus chercher : un plaisir régressif de gosse destructeur et ingérable, qui s'incarne ici dans le cabotinage maousse d'un Jake Gyllenhaal qui semble s'être amusé comme un petit fou.
Comme le spectateur en somme...
Behind_the_Mask, qui se retient de tirer sur l'ambulance.