Le mythe dénaturé

Etant un adorateur de la saga, enfin surtout du 1er et du Xenomorphe en général que je considère comme étant l'une des créatures les plus travaillées et effrayantes du cinéma, j'avais un sentiment à la fois d'excitation et d'appréhension à l'idée d'un nouveau film Alien. Il s'agit de la suite de Prometheus (que j'avais aimé contrairement à la plupart des gens), au bilan plutôt positif malgré une certaine déconstruction du mythe du Xenomorphe.
La première chose qui frappe est la qualité de la photographie, superbe, de nuit comme de jour. Au début du film on est en terrain connu, une intro typique d'un Alien mais qui fait le boulot. La suite est maitrisée, et la tension était palpable au moment de la naissance du premier monstre, de mon point de vue. Ca pue le CGI (j'y reviendrai), mais c'est très efficace, nous laissant avec une sensation de chaos suite à ce qu'il s'est é. Puis vient David (excellent Fassbender), l'androïde de Prometheus. Et à partir de ce moment le scénario prend de l'ampleur. Je ne pensais pas que je serais un jour surpris par le scénario d'un Alien mais ce fut le cas, dans le bon sens. Evidemment, on est pas devant un Memento ou autre, cela reste simple, mais j'ai bien aimé le fait que l'histoire de David, personnage fascinant et complexe, pour qui la création est la raison d'être, prenne le temps de se développer plutôt que de nous balancer du massacre de persos à tout-va. Paradoxalement, David l'androïde est plus intéressant que le reste de l'équipage, humains assez génériques et pas approfondis. L'idée de la créature, se sachant supérieure à son créateur, voulant à son tour créer, n'est pas nouvelle, mais je lui ai trouvé une certaine puissance ici.
Jusque là, il y a pas mal de positif, alors quel est le problème à mon sens ? Le Xénomorphe...
En fait, l'utilisation de CGI pour le modéliser entièrement, et donc le montrer complètement avec toute son agilité, a dénaturé ce qu'il représente : la menace invisible mais toujours présente, la peur. Et si en plus il n'est pas toujours bien modélisé ou animé ça casse tout... Pourquoi ne pas avoir utilisé un mélange de CGI et d'animatronique ? Voilà, il s'agit pour moi de la plus grosse déception du film, que j'ai apprécié malgré un dernier acte qui s'étire un peu.
En espérant que pour le prochain, Ridley Scott apprenne de ses erreurs.