Spoof movie bien souvent très scolaire, Spy Hard n'en est pas moins une belle parodie de James Bond.
Le générique en dit long, détournant sans vergogne celui d'Opération Tonnerre, allant jusqu'à l'anecdote de la perte de connaissance de Tom Jones en fin d'interprétation, le manque de souffle transformé en la tête du chanteur qui explose.
Le générique trahit néanmoins aussi l'humour facile et parfois scatophile du métrage, hélas.
Jeune public, on ne boudera pas ce Leslie Nielsen très (trop) en forme en simili-Bond sur-caricatural, entouré d'une ex-Reine des soap et future Desperate Housewife, Nicollette Sheridan, à l'accent russe certes trop appuyé en VF, d'une ex-James Bond Girl, Talisa Soto, plus sexy quoique plus brève que dans Permis de tuer, de la non moins sexy mais méconnue Stephanie Romanov, de l'éclectique Marcia Gay Harden (de Fubber à Cinquante nuance plus sombres en ant par Mystic River) en Miss Monepenny très particulière), de Robert Culp alias l'Alexander Scott de la série d'espionnage I Spy, de Ray Charles en chauffeur de bus aveugle, donc en totale auto-dérision et en face à face avec Andy Griffith, vedette du célèbre show américain portant son nom, l'idéal pour un antagoniste mégalo.
Public plus mature et sans doute plus roué au genre burlesque cinématographique, on s'amuse comme on soupire à voir s'égrainer à allure folle les allusions très explicites à Vivre et laisser mourir, à Goldfinger, à Pulp Fiction, à Jurassic Park, à Rambo, à Maman, j'ai raté l'avion, à Good Morning, Vietnam, à True Lies, à Sister Act (ou Le Gendarme et les Extra-terrestres, ce qui est moins probable),Speed, E.T, Jamais plus jamais et Opération Tonnerre, pour ne citer que ceux-ci !
Le hic, c'est que ce chapelet construit comme il peut en puzzle une histoire brouillonne qui part dans tous les sens, ne sachant pas toujours vers où elle se dirige. Le plaisir résidera alors purement dans un jeu de pistage des références. Ludique mais ablement ennuyant quand on est rompu à ce genre de spectacle.
Au beau milieu de ces gags faciles, se contentant souvent de détourner des scènes clefs à l'aide des poncifs les plus éculés du genre, on trouve cependant de très belles perles, à l'image de New-York s'éveillant au son d'un chant coranique comme à Kaboul, à l'instar d'un flash-back remontrant les dernières secondes que l'on a pu voir, comme ce compte à rebours prononcé sans âme par une employée blasée, clope au bec, les yeux rivés sur sa montre tandis que l'espionne captive, qui semble gigoter pour défaire ses chaînes, cherche uniquement à atteindre une canette de soda, ou comme cette ombre immense et cette voix caverneuse qui révèle un nain armée d'une mitraillette.
En bref de l'humour potache, bon enfant, délirant, en pleine destruction du 4e mur, qui ravira les néophytes du genre et les irateurs de feu l'excellent Leslie Nielsen. Savoureux pour les autres par ses quelques bonnes trouvailles et ses touches sexy, Spy Hard reste un spoof movie par trop conventionnel.