Ni bon ni mauvais : français, en somme

Sujet intéressant, où Fred Cavayé montre sa volonté d'être le nouveau touche-à-tout du cinéma français, sorte de « Ron Howard français » (le prestige en moins). Après les thrillers musclés et la comédie dramatique adaptée d'une pièce de théâtre, voici le drame historique... adapté d'une pièce de théâtre, où celui-ci démontre plus un talent d'honnête artisan que de véritable auteur tant l'influence scénique reste régulièrement présente. C'est un peu ronflant, voire pesant par moments, notamment dans la première partie, évitant toutefois d'être trop démonstratif, tout en l'étant pas mal de temps en temps.

Cela permet d'un côté d'éviter les échanges trop explicites (notamment entre les deux héros), de l'autre la relation entre les deux hommes manquent de profondeur, à l'image d'un Daniel Auteuil très (très) sobre, subissant constamment les événements, ce qui est à la fois intéressant et un peu frustrant. Reste des enjeux plutôt porteurs, mieux exploités dans la seconde partie, proposant un regard un peu plus original sur l'Occupation brossant en même temps le portrait d'un « apprenti salaud » pourtant presque animé de bonnes intentions, pas mal interprété par un Gilles Lellouche à contre-emploi. Enfin, si son jeu peut (comme toujours) déconcerter au départ, Sara Giraudeau finit par séduire, se révélant même d'assez loin la protagoniste la plus complexe de l'œuvre. Honorable, donc, sur un sujet évidemment toujours porteur, pouvant justifier le détour en salles, sans être, loin de là, à la hauteur des « Monsieur Klein » et autres « Lacombe Lucien ».