Dernière proposition en date de l'auteur du caustique Les bouchers verts, Adam's apples en reprend le même sens du surréalisme pour, cette fois, illustrer une fable humaniste dans laquelle il est question de foi, d'optimisme et de rédemption. Thématiques denses, qui pourraient s'avérer bien lourdes si elles n'étaient pas accompagnées à loisir par l'absurde et l'absence salvatrice d'un quelconque point de vue moral. Dans Adam's Apples, si Anders Thomas Jensen choisit de revenir sur les lieux de ce pêché originel qui a plongé l'homme dans une quête de rédemption perpétuelle, c'est pour mieux faire comprendre à son spectateur qu'il est plus facile de trouver cause à ses malheurs que courage pour les laisser derrière soi.
En plongeant Adam, un nazillon au sang chaud condamné par la société à quelques mois de travaux d'intérêt général, au coeur de la petite communauté de repris de justice du pasteur Ivan, le cinéaste danois illustre son message par un combat aussi surréel qu'explosif, entre deux acteurs sacrément investis (Mads Mikkelsen en grande forme), qui portent avec fougue les symboliques fortes de sens d’un homme qui ne fait pas les choses à moitié.
é maître dans l’art de doser messages sous-entendus et ironie noire, on retrouve dans Adam’s Apples toute l’acidité qui le caractérisait déjà dans le terrible Les bouchers verts. Entre revendication polie et farce malsaine, il conviendra d’être réceptif aux univers quelque peu déjantés et ne pas prendre chaque situation au premier degré sous peine de er un mauvais quart d'heure. Mais pour qui sait apprécier l’humour noir écrit tout en douceur, pimenté quand il le faut d’une violence inattendue, Adam’s Apple devrait être une séance tour à tour touchante et divertissante. D’autant plus qu’elle est propulsée par une mise en scène maîtrisée, à la photographie plus qu’avantageuse.
Rares sont les oeuvres comiques versant sans retenue dans l'humour noir qui ne se prennent pas les pieds dans le tapis. Après deux films très réussis dans ce genre si particulier, il semble légitime de considérer Anders Thomas Jensen comme un digne funambule de cet exercice périlleux. De quoi espérer fortement son retour derrière l'objectif dans un futur pas trop lointain