Si on demandait à feu Mocky ce qu'est la "Subtilité", il aurait sans doute répondu que c'est une île de la Guadeloupe.
Car, si on peut trouver un tas de qualités à ce film, et même en inventer, c'est un peu plus dur de lui trouver de la subtilité.
D'ordinaire, si dans les productions de Mocky, le charme discret du Bis amateuriste suffit à er outre, ici, on en vient à trouver ça dommage.
Car dans ce film, Mocky a tout. Le texte. Le contexte, le prétexte, et même le sous-texte.
A mort l'arbitre, c'est la solitude d'un seul face à la meute, mais c'est, paradoxalement, la solitude du troupeau face à l'amour de deux tourtereaux.
A mort l'arbitre, c'est aussi une chronique sociale. La "Fièvre du Samedi soir" des ouvriers d'usine qui viennent exister une fois par semaine, pour voir leur match et caillasser les er adverses.
A mort l'arbitre, c'est encore un thriller, presque un film d'horreur. Entre le age à la télé qui agite les foudres, la mort par accident d'un des er et lé découverte progressive de la sociopathie du meneur, la 1ère moitié du film offre une montée de tension qui arriverait à vous empêcher de zapper sur Canal + sport.
Et c'est à cette 2nde moitié du film, où on a eu droit à tout, le mépris de la bobo journaliste, l'accent du pizzaïolo, les blagues racistes, la sensibilité beaufo-prolétarienne... Qu'on en vient à se dire que plus que la tension, c'est l'absence de subtilité qui devient pesante...
Le film semble s'échiner à ne jamais relever un niveau qui aurait pu se contenter de peu, mais dont l'absence de nuances finit par faire grimacer. Dommage qu'avec ce sujet, Mocky n'ait pas eu l'esprit de faire quelque chose d'un peu plus recherché, un peu plus noir...
Car si la toute fin tente d'apporter une touche de nihilisme, elle semble au contraire tenir lieu de rustine, à un film dont les clowneries prennent le pas sur tout le propos, et qui semble crier, lors de sa 2nde moitié, non pas "à mort l'arbitre", mais "à mort, le film !"