La mort, le pitre

Si on demandait à feu Mocky ce qu'est la "Subtilité", il aurait sans doute répondu que c'est une île de la Guadeloupe.


Car, si on peut trouver un tas de qualités à ce film, et même en inventer, c'est un peu plus dur de lui trouver de la subtilité.


D'ordinaire, si dans les productions de Mocky, le charme discret du Bis amateuriste suffit à er outre, ici, on en vient à trouver ça dommage.


Car dans ce film, Mocky a tout. Le texte. Le contexte, le prétexte, et même le sous-texte.


A mort l'arbitre, c'est la solitude d'un seul face à la meute, mais c'est, paradoxalement, la solitude du troupeau face à l'amour de deux tourtereaux.


A mort l'arbitre, c'est aussi une chronique sociale. La "Fièvre du Samedi soir" des ouvriers d'usine qui viennent exister une fois par semaine, pour voir leur match et caillasser les er adverses.


A mort l'arbitre, c'est encore un thriller, presque un film d'horreur. Entre le age à la télé qui agite les foudres, la mort par accident d'un des er et lé découverte progressive de la sociopathie du meneur, la 1ère moitié du film offre une montée de tension qui arriverait à vous empêcher de zapper sur Canal + sport.


Et c'est à cette 2nde moitié du film, où on a eu droit à tout, le mépris de la bobo journaliste, l'accent du pizzaïolo, les blagues racistes, la sensibilité beaufo-prolétarienne... Qu'on en vient à se dire que plus que la tension, c'est l'absence de subtilité qui devient pesante...


Le film semble s'échiner à ne jamais relever un niveau qui aurait pu se contenter de peu, mais dont l'absence de nuances finit par faire grimacer. Dommage qu'avec ce sujet, Mocky n'ait pas eu l'esprit de faire quelque chose d'un peu plus recherché, un peu plus noir...


Car si la toute fin tente d'apporter une touche de nihilisme, elle semble au contraire tenir lieu de rustine, à un film dont les clowneries prennent le pas sur tout le propos, et qui semble crier, lors de sa 2nde moitié, non pas "à mort l'arbitre", mais "à mort, le film !"

5
Écrit par

Créée

le 5 août 2020

Critique lue 64 fois

Arthur Suldoc'h

Écrit par

Critique lue 64 fois

D'autres avis sur À mort l'arbitre !

Tout ça pour un penalty !

Peu familier du cinéma de Jean-Pierre Mocky, c'est sans attente ni apriori que je me suis posé devant "A mort l'arbitre !", adaptation du roman d'Alfred Draper devenu culte au fil des ans après un...

Par

le 21 août 2014

14 j'aime

1

Critique de À mort l'arbitre ! par pierrick_D_

Maurice,arbitre de foot de haut niveau,provoque la colère d'une bande de ers qui le jugent responsable de la défaite de leur équipe.Lui et sa petite amie journaliste vont être poursuivis toute...

le 25 nov. 2024

10 j'aime

12

Death pénalty

L'oeuvre la plus connue de Jean-Pierre Mocky reste malgré tout un assez mauvais film, largement sauvé par son aspect unique dans le paysage français, et par son caractère prémonitoire : en effet, la...

le 15 nov. 2017

6 j'aime

2

Du même critique

Je déteste les séries teenage

Je déteste les séries Teenage. Je déteste le lycée beaucoup trop clean de 13 reasons why, à qui je souhaite d'être squatté l'été par des ados non produits par netflix, pour y défoncer le mobilier et...

le 16 juil. 2020

10 j'aime

Le Diable
10

Pâle comme le diable...

Diabolique Hystérique Satanique Cathartique Et finalement peu de Hics à objecter à cette oeuvre éminemment mystique. On era ou l'on ne era pas le jeu hystérique des acteurs, qui donne...

le 27 juin 2014

10 j'aime

2

Underground
10

Vous n'auriez pas vu Jovan ?

Avant de démarrer cette critique (qui est un peu longue) 2 mots : Underground est un des films qui m'a le plus marqué de toute ma vie, et fait partie de la trilogie grandiose de Kusturica : Le Temps...

le 5 sept. 2013

9 j'aime

1