À l'abordage
7.4
À l'abordage

Téléfilm de Guillaume Brac (2020)

Tu mérites d'être aimé Guillaume Brac

Au cours de notre existence, parfois l’art nous offre des moments de grâce. Des fragments de temps, où cours desquels on tombe exactement au moment où il le fallait sur une œuvre que l'on n’aurait pas pu apprécier davantage qu'à cet instant T.


Réussir à créer un tel cinéma avec des procédés de mises en scènes aussi simples, avec des acteurs quasi amateurs et un scénario aussi minimaliste, ça ne peut er que par un cinéma qui parle du plus beau de l’existence humaine. Cette existence là, celle qui doute, qui s’attache, qui fuit, qui manipule, qui se lie, qui se détache, qui se déteste elle-même mais qui se souviendra toujours de ce fameux été.


Une rencontre au hasard sur les quais au bord de la seine, un pote galérien qui travaille tout l’été dans le franprix en bas de chez lui qu’on embarque dans avec nous à l’aventure, un mec chelou du BlaBlaCar qui s’avère être finalement une belle personne. Puis l'extase laisse la place à déception, la mélancolie face à la réaction de la personne avec qui on pensait avoir eu un coup de foudre, qui s’avère être complètement en décalage avec nos attentes.


Guillaume Brac va alors nous proposer d’errer avec les protagonistes pendant plusieurs jours, dans ce village, entre les mensonges pour s’éviter, les tensions amicales quand les choses ne se déroulent pas comme prévu (et en vacances, ça ne se déroule jamais comme prévu, c’est ça aussi fait fait tout leurs charmes), par l’observation d’un intervalle de temps que les protagonistes n’auraient sans doute pas imaginé une semaine plus tôt.


Et au cours du voyage, des quêtes secondaires s’ouvrent, par un simple sourire, une simple blague complice, une ion qu’on se découvre en commun comme lorsque Félix se rend compte qu’il partage cet intérêt pour le vélo avec Edouard dans une superbe scène sur la route.


Mais malgré l'ascension, les portes du château de la belle princesse ne s'ouvriront jamais pour notre banlieusard, trop intense, qui s'attache avec trop de crédulité, la frontière sociologique pas si visible au premier abord déterminera en grande partie la non possibilité de la relation. Mais la bien-aimée aura au moins la beauté d'âme et le courage de reconnaître une chose: "<i>C'est beau ce que tu as fait en venant jusqu'ici Félix. De toute manière je crois pas que je mérite d'être aimée comme ça</i>".


Ne se laissant pas envahir par le cynisme, Félix choisit la vie, et ce qui fait toute la beauté de ce personnage, qui ira se coucher à la belle étoile au bord de la rivière, comme une métaphore social, mais où il rencontrera au petit matin une babacool dont le spectateur imagine bien qu'elle sera finalement celle qui méritera beaucoup plus l'amour et la bonne foie de Félix.


Le film aura démarré par son sourire naif, celui d’un mec chill qui se ballade sur les quais face à tant de gens qui ont l’air heureux, et il se terminera par son sourire de retour à nouveau plein de spontanéité. Car ce qui compte au final ce n'est pas la destination finale, c'est le chemin pour y arriver.



Merci au mec qui a laissé comme review "Ça m'a donné envie de vivre". Perso son commentaire m'a fait pleurer de joie.


9
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le 19 mai 2025

Critique lue 6 fois

Marin Parigi

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