A Ghost Story, film du réalisateur américain David Lowery sorti en 2017, conte tout en douceur l’histoire d’un homme, musicien, séparé de sa vie, errant dans sa maison qui n’est plus sienne, témoin de la vie et du temps mais invisible aux yeux des vivants.
Le musicien et sa compagne, dont on ignorera les noms, emménagent ensemble dans une petite maison d’un quartier américain plutôt rural. Ce contexte tendre aux premiers abords prendra une tournure plus tragique lorsque l’homme perdra la vie dans un accident de voiture. C’est revêtu d’un drap blanc, dans cette parure bien enfantine, qu’il reviendra dans sa maison, refusant d’y laisser seule sa compagne. Mais, forcé par le temps, le musicien devenu fantôme verra la vie défiler sans lui. Sa femme avec un homme, le nouveau couple qui part, une famille qui arrive, et le temps qui s’écoule, le fantôme condamné à rester spectateur du monde dans lequel il n’est plus.
Un petit chef d’œuvre oublié du grand public, un film délivré tout en douceur, une ode au temps qui e. Les quelques moments de dialogue racontent tant, mais lorsque les images se fondent avec la bande originale absolument fabuleuse de Daniel Hart, nous nous retrouvons comme enivrés, bouleversés d’un flot d’émotions soudain, fort, puissant même. Un film presque muet, où tout est mis au service de l’émotion : les lumières, les bruits, la musique. Comme si le réalisateur avait cherché, au travers de ce film, à faire résonner la profondeur du propos de la manière la plus intime possible, à faire appel à des sens presque primaires, là où ces sentiments sont les plus prégnants.
Peut-être est-ce donc en fin de compte, la manière la plus prenante de montrer le temps et les traces qu’il laisse. Si là résidait l’idée première du réalisateur, alors il a sans nul doute réussi son projet.