Boursouflures et didactisme navrant pour un Scott

En bref : on frise dangereusement le nanar avec tous ces effets de style pitoyables (ralentis ridicules, abus de travellings compensés, symbolisme à deux balles)... Et puis voir le frère Scott sombrer dans tant de didactisme, c'est quand même surprenant.


Où est la dimension épique d'un tel voyage ? À aucun moment la difficulté de la traversée de l'océan Atlantique ne se ressent, juste une petite saynète pour montrer (didactisme) que les matelots sont prêts à se révolter et une autre pour montrer (didactisme) l'utilisation du quadrant de navigation.
Où est la magie de la découverte d'un nouveau Monde ? Tout repose sur des nuages qui se dispersent et laissent la terre se dévoiler, et une séquence ridicule où Depardieu-Colomb marche pour la première fois sur le sable d'une plage de Guanahani / San Salvador au ralenti (didactisme, symbolisme).


Beaucoup d'autres choses sont ratées, comme l'illustration des difficultés de communication (qui se résumeront à la formation express d'un unique interprète pas du tout approfondie, je ne comprendrai jamais pourquoi on n'apporte pas systématiquement dans ce genre de film un minimum de soin aux langues parlées et à la cohérence historique : ici on parle autant anglais qu'espagnol, c'est affligeant), la présence des femmes (quasi-absentes) chez les peuples autochtones, et une scène d'attaque d'un camp de sauvages méchants sanguinaires qui font peur peut-être la plus ratée du film. Encore une fois, ralentis très moches et excès de symbolisme poussif (Colomb-Depardieu avec plein de sang sur le visage qui hurle) qui trouveront leur dernière illustration dans la figure de la croix du Christ frappée par la foudre et en flammes... Autre age "marrant" : la mise à mort de traîtres par strangulation, mises en scène à l'aide de travellings compensés incroyablement scolaires et maladroits (champ, contrechamp), suivi d'une autre utilisation de ce procédé totalement gratuite 30 secondes plus tard (des restes de rushes quelconques je suppose).


J'attendais quelque chose d'épique et de grandiose, et mis à part quelques scènes réussies, 1492 n'est que didactisme et boursouflures. Et, soudain, une furieuse envie de revoir "Le Nouveau Monde" de Malick me prend.


[Avis brut #30]

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le 16 janv. 2016

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Morrinson

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