Quelle délicieuse évocation de ces événements consécutifs à la guerre d'Algérie et qui, culture militariste et nationaliste oblige, ont failli faire tomber notre pays dans le même fossé que l'Espagne avec Franco et la Grèce avec le putsch des Colonels.
Servi par le dessin hilarant d'un Boucq en pleine forme, le récit de Nicolas Juncker nous emmène au coeur de la guerre d'Algérie dans le processus qui aura ramené le général De Gaulle du statut de pépère à pantoufles de Colombey-les-deux-églises à ce chantage à la république qui se soldera par la remise des pleins pouvoirs au héros vieillissant de la libération de la .
En gros, un général s'apportant comme thérapie indispensable contre la menace d'autres généraux, selon le principe de soigner le mal par le mal. L'ouvrage aurait d'ailleurs pu être titré "Généraux, je vous ai compris !".
Après l'excellent ouvrage de BD de Colombat et Davodeau, "Cher pays de notre enfance", voilà une autre remontée de bretelles salutaire en termes d'histoire pour combattre l'offensive médiatique et institutionnelle qui a fait d'un général opportuniste et certes aussi intelligent un sauveur "désintéressé" du pays célébré sans contrepartie, y compris dans ces temples laïques du savoir que sont les bibliothèques municipales.
En éclaireurs du scénario proprement dit, une évocation de De Gaulle se faisant tailler un nouveau costume sur mesure, et pour couvrir les arrières quelques explications historiques qui témoignent du sérieux du propos illustré. Chapeau, les artistes !