Le Chevalier Noir face à l’insomnie scénaristique

Avec Terreurs nocturnes, premier tome de Batman : Le Chevalier Noir, Paul Jenkins et David Finch promettent de nous plonger dans une Gotham où l’angoisse suinte des pavés. Si l’idée est alléchante, le résultat oscille entre un Batman surmené et une intrigue qui semble avoir pris un somnifère en pleine course.


L’histoire débute avec une évasion massive à Arkham. Jusque-là, classique mais efficace : les pires cauchemars de Gotham sont en liberté, et Batman doit remettre de l’ordre dans ce joyeux chaos. On croise les habitués du Bat-verse, avec Scarecrow, Bane et même un mystérieux White Rabbit qui sème la zizanie… et un certain malaise scénaristique. L’intrigue part vite dans tous les sens, comme un Joker sous caféine, et peine à trouver un fil conducteur solide. Ça veut être noir, mais ça finit gris foncé.


Côté visuel, David Finch assure le show. Ses dessins détaillés, ses jeux d’ombres et de lumières, et ses personnages musculeux aux expressions torturées collent parfaitement à l’ambiance gothique qu’on attend de Batman. Chaque planche est une explosion visuelle, mais parfois au détriment de la lisibilité. Entre les bastons spectaculaires et les poses héroïques, on se demande si Batman a eu le temps de faire des étirements pour éviter les crampes.


Le problème principal vient du scénario. Jenkins semble vouloir explorer les tréfonds psychologiques de Batman, mais il reste en surface. Les dialogues, parfois maladroits, peinent à donner de l’épaisseur aux personnages. Quant à White Rabbit, son rôle dans l’intrigue est plus accessoire que mystérieux. Elle trottine dans l’histoire sans vraiment laisser de traces, comme un lapin holographique dans un numéro de magie raté.


Malgré ses faiblesses, Terreurs nocturnes n’est pas sans charme. L’action est au rendez-vous, les fans du Bat-univers trouveront leur dose de combats et de gadgets high-tech, et les dessins de Finch valent le détour. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce Chevalier Noir aurait mérité un scénario plus affûté pour vraiment briller.


En résumé, Terreurs nocturnes est une lecture honnête mais inégale. Un Batman esthétiquement impeccable, mais scénaristiquement somnolent. Idéal pour les amateurs de belles planches et de cauchemars légers, mais pas assez profond pour rester éveillé toute la nuit.

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le 20 janv. 2025

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CinephageAiguise

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