Aride mais complet

Une autre BD est sortie cette année sur Missak Manouchian : elle se centrait sur le poète, l'émigré, etc... mais au fonds donnait très peu de détails sur les activité de résistance du groupe des FTP-MOI auquel il était rattaché.

Ici, c'est l'inverse : vous aurez un compte rendu quasi exhaustif, jour par jour, de TOUTES les actions menées par les FTP-MOI contre l'occupant, de l'été 1943 à leur arrestation en novembre. Si le début de l'ouvrage se centre sur Missak et Mélinée, il s'élargit vite à tous les membres du groupe, ceux qui seront sur l'affiche rouge et les autres. Des Juifs, des Polonais, des Italiens, tous très jeunes, tous issus des classes populaires, tous avec des rêves. Beaucoup ont perdu des proches du fait de l'occupant (certains lors du Vel' d'Hiv').

Autant dire que vous allez voir beaucoup d'images de grenades qui explosent dans un restaurant privatisé par les Allemands (on la lance au age, à bicyclette), beaucoup d'assassinats d'opportunités, etc... la place centrale des femmes, qui acheminent les armes et les récupèrent au péril de leur vie, n'est pas laissée de côté, ce qui est une bonne chose.

L'ouvrage choisit de ne pas choisir : chaque récit est entrecoupée d'une pleine page reproduisant le portrait d'un membre du groupe avec sa biographie. C'est très dense et cela ralentit la lecture, mais on s'imprègne au fur et à mesure des logiques internes du groupe, de la répartition des rôles, etc... Un choix étonnant cependant : toutes ces notices auraient pu être rassemblées en fin de volume, mais c'est sans doute un artifice pour encourager à les lire... J'étais parfois tenté de les er.

Le graphisme est efficace et réaliste, à défaut d'être talentueux. Il rappelle les gravures qui faisaient office de photos de presse à la fin du XIXe. Il y a un travail sur la couleur, les membres du groupe étant rattachés à la couleur jaune (soit la couleur que personne n'aime). Mais la palette hors-personnage est principalement grise. Soit. Il y a un travail sur les expressions, la dramaturgie : ça marche.

Un ouvrage qui rend hommage au travail acharné des membres du groupe pour faire mal à l'occupant nazi. Un ouvrage nécessaire à défaut d'être un chef d'oeuvre.