Chronique et extraits:https://branchesculture.com/2024/05/11/mean-girls-club-ryan-heshka-girl-power-gang-criminel-corruption-haut-talon-fume-vintage-pulp-sexy-heroines-pouvoir-machiste-patriarcat-religion-la-vague-rose-pyromane/
Avec une couverture qui nous explose à la figure, psychédélique et vintage, avec effet 3D et des girls dans le feu de l’action, la bande que nous présente le Canadien Ryan Heshka brûle les planches. Incandescentes héroïnes.
Résumé de Mean Girls Club – La vague rose par Les requins marteaux : Le Mean Girls Club, composé de six filles badass, sème le chaos dans la ville depuis des années. Leur carburant : la peur, l’ivresse, la défonce, les armes à feu et la sororité à la vie à la mort. Le maire Hamilton « Ham » Hocks, véreux et paternaliste, a juré de faire disparaître à jamais ce club de bimbos qui renverse l’ordre établi… Sa police inefficace face à ces redoutables pin-up, Hocks fait du chantage à la jeune Roxy, pour qu’elle infiltre le Mean Girls Club et l’aide à le faire tomber. Mais une fois acceptée par ce cercle de hors-la-loi, elle va se retrouver déchirée entre la vie de déglingue avec ces dures à queen, et la pression que le maire exerce sur elle pour mener à bien sa triste mission…
Et quand je dis « dans le feu de l’action », je ne pense pas si bien dire. Des lampes torches troublent la quiétude de la nuit, encore plus dans ce coin reculé. Il faut avoir le coeur bien accroché pour s’aventurer ici. Mais les hommes, armés jusqu’aux dents, du chef Ratburger (lui-même aux ordres d’un maire pleins pouvoirs, corrompu jusqu’à la moelle par ses bas instincts et s’encombrant peu de protocoles) n’ont pas peur. Ils devraient car ils s’apprêtent à lancer l’assaut sur la bicoque de Sweets, Wanda, Wendy, Pinky, Blackie et McQualude (du nom du sédatif méthaqualone).
Déjà prises indépendamment, ces nanas-là sont coriaces. Alors en groupe! Mais attention, elles risquent quand même la chaise, l’immolation ou la pendaison. Raison pour laquelle, leurs méthodes sont expéditives et s’embarrassent peu de scrupule, de remords. Elles ont dans le coin assez de bêtes mortelles que pour que la mort de leurs ennemis soit horrible. défenseurs du patriarcat, culturistes du viol…
Mais l’étau se resserre. Les puissants, politique et religion s’entendent comme larrons en foire, n’en peuvent plus de ces goumiches qui sèment la panique dans la ville et parmi les agneaux, nourris par des évangiles qui ne vont pas les grandir mais les tenir en laisse. Aux grands maux, les grands remèdes, la guerre est déclarée, tous les coups bas des messieurs sont permis, tous les coups hauts (talons) de ces dames sont prévus.
Nourris par l’esthétique pulp de la première moitié du XXIe siècle, l’intégrant à des femmes atomiques et aux courbes qui ne laissent pas insensibles, pour les faire sortir du rang des ménagères et en faire des Amazones, des guerrières, Ryan Heshka joue plein tube, plein pot.
S’il m’a manqué peut-être un peu de contexte, que l’origin story est vite expédiée au milieu de cet album (mais l’auteur a autoédité en anglais un premier acte, manifestement), j’ai été complètement embarqué, mis à genoux, par ces héroïnes aussi séduisantes que redoutables mais pas sans faille. Comme un Antonio Lapone, Ryan Heshka joue la carte du rétrofuturisme avec des bolides, des péripéties et des méchants clichés, hallucinés et dans le bon ton pour faire de cette série B, parfois Z, soupçon d’horreur à l’appui – car les hommes, y compris de (peu de) foi, aussi cons et libidineux soient-ils, peuvent défigurer physiquement et psychologiquement une femme. Divertissement totalement addictif.
Malheureusement, le très suivi Ryan Heshka, une base dans le monde de l’illustration et du design, n’a commis jusqu’ici que cette seule bande dessinée détonante. En anglais, il y a aussi eu une monographie au nom tout trouvé: Fatales.
À lire chez Les requins marteaux.