Ah, les pirates ! Ces sales gosses des mers, champions du rhum frelaté et de la mutinerie bien sentie. Mais oubliez Jack Sparrow et les perroquets qui causent : La République du Crâne, c’est du brut, du rugueux, du salé qui pique les yeux. Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat nous larguent en pleine mer, là où les flibustiers ne sont pas juste des coupe-gorges avinés, mais des révolutionnaires en quête d’un idéal.
Parce que oui, derrière les sabres qui s’entrechoquent et les voiles qui claquent, il y a une idée : la liberté, la vraie, celle qui ne s’achète pas. Ces pirates, ce ne sont pas juste des hors-la-loi, ce sont des rêveurs avec des haches, des anarchistes avant l’heure qui voudraient bien qu’on arrête de les voir comme de simples brigands. On parle de fraternité, d’égalité, de démocratie flottante avant l’heure – mais évidemment, avec une espérance de vie plus courte qu’un moussaillon enrhumé.
Graphiquement, c’est une tempête en pleine face. Toulhoat balance une ambiance crasseuse et magnifique à la fois, avec des lumières de fin du monde et des visages burinés par l’embrun et la misère. L’action fuse, les regards transpercent, et chaque planche sent le sel et la poudre noire. On est loin des clichés des bateaux proprets et des trésors enfouis : ici, tout est poisseux, réaliste, brutal.
Et le scénario de Brugeas ne lâche jamais la barre. Ça tangue, ça cogne, ça trahit et ça rêve à un monde meilleur. Parce que c’est ça, au fond, La République du Crâne : une utopie qui s’accroche aux cordages en sachant qu’elle finira peut-être engloutie.
Bref, une BD qui vous donne envie de crier "À l’abordage !", mais aussi de refaire le monde autour d’un bon tafia.