N'attendez pas ici un historique du conflit autour de Notre-Dame des Landes, ni même un tour d'horizon de ce qui s'y faisait : Alessandro Pignocchi, qui se met en scène dans la bande dessinée, n'y est é qu'un temps assez court, mais il était là au moment du démantèlement par Macron.
Son propos s'ancre sur un de ses chevaux de bataille : la possibilité d'un rapport à la nature qui ne soit pas de sujet à objet, mais de sujet à sujet. En bref, sortir de l'opposition nature-ressource/nature-sanctuaire pour considérer que nous faisons partie intégrante de la nature.
La bande dessinée prend un tour un peu (un peu) expérimental, mêlant des reconstitutions de l'assaut des CRS ; un flashback de Pignocchi sur son parcours intellectuel (notamment ses recherches en Amazonie et ses ages dans un squat à Berlin) ; un fantasme de verre en terrasse partagé avec un CRS, moment qui se transforme en psychanalyse de ce dernier ; de la fiction imaginant une société où l'espoir que représentait la ZAD s'est transmis à une génération qui ne comprend pas notre folie consumériste, etc...
Il y a aussi une sorte d'épilogue consacrée aux tentatives de reconstruction post-destruction de Notre-Dame des Landes : des remontages sauvages périodiquement redétruits, un jeu de dupe avec le préfet qui essaie de trouver un piège istratif pour ceux qui continuent à résister, etc...
Un joli témoignage, qui n'a pas cherché à être exhaustif, et c'est la principale chose que je lui reprocherais. Mais c'est déjà bien qu'une telle bande dessinée existe pour rendre hommage à ce petit hâvre d'utopie qui, pendant un temps suspendu, a ouvert un rêve d'harmonie avec la nature et de mise en commun. ça fait très envie.