La Prisonnière de la vallée de l'Agonie Blanche est une bande dessinée unique dans l'univers des comics Disney, d'une audace assez folle que seul un auteur comme Keno Don Rosa pouvait oser. Cette dernière histoire de l'héritier de Carl Barks le plus respectueux du legs brise un tabou monumental. Dans cette aventure, les personnages de l'univers de Disney ont une libido.
Vous pourriez répliquer que les couples installés dans l'univers de Disney existent. Mickey et Minnie, Donald et Daisy, Clarabelle et Horace... Mais bon, globalement, ils se tournent autour avec la ion de grabataires comateux. Ce sont des couples déjà établis, sages et policés, prétextes à des histoires de sauvetage (Minnie) ou de jalousie (Donald).
Picsou, lui, est un personnage solitaire (Je e outre le couple "Picsou / Grand mère Donald" qui n'a pas fait long feu dans l'édition). Et dans La Prisonnière de la vallée de l'Agonie Blanche, on découvre enfin pourquoi. A la lecture de l'histoire de Barks Retour au Klondike, finalement assez potache, Keno Don Rosa a décelé, amplifié, magnifié une romance brûlante, au dénouement forcément poignant. Et Don Rosa n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat. Dans ses planches, on s'embrasse goulûment à plein bec, on place un quiproquo graveleux poilant sans vergogne. Le fameux "sous entendu explicite" habilement prononcé par Roy Bean (qui n'a pas rougir de la comparaison avec celui scénarisé par Goscinny) cloue le bec à l'assemblée. Une histoire d'amour ionnelle et tumultueuse dans un comics destiné aux enfants, ça marche.
Accessoirement, l'ensemble de l'aventure est géniale, un des meilleurs épisode bis de La jeunesse de Picsou, avec un casting d'opposants prestigieux : le juge de Langtry déjà mentionné, Wyatt Earp, Bat Masterson, Butch Cassidy et Sundance Kid, rien que ça ! En faisant entrer en collision les légendes de l'ouest américain avec celle du canard le plus riche du monde, on atteint un souffle aussi épique qu'hilarant (La course poursuite finale est exceptionnelle).
Et pour finir, je défie tout adorateur des personnages de Donaldville de ne pas avoir le cœur serré en contemplant la dernière case.