La Frontière de la vie est un album particulier. En effet, alors que les premières pages font penser à une suite spirituelle de L'Orgue du diable avec un méchant déguisé en créature maléfique effrayant les supersticieux, La Frontière de la vie part dans un registre totalement différent puisqu'on e de poursuites à des expériences scientifiques.
Et contrairement à de nombreuses histoires où la science est diabolisée par la présence de méchants voulant s'en servir à leurs fins, dans cet album, elle est valorisée de manière salvatrice.
Pourtant malgré un propos toujours d'actualité en ce qui concerne la science et ses progrès, La Frontière de la vie est ancré dans son temps.
En effet, écrit à une époque où l'Allemagne était encore divisée en deux (Ouest et Est) les séquelles de la Seconde Guerre Mondiale sont toujours présentes, on y parle d'un contexte bien précis avec des bombardements datant de telle ou telle date et des conséquences qu'ils ont eu dans la réalité à travers les personnages du jour.
Ingrid est de retour mais cette fois-ci, majoritairement pour rester alitée et donc dans un état de vulnérabilité encore plus grand que dans L'Orgue du diable.
Ici, pour changer, le rôle de co-partenaire est confié à Rudy, le cousin de la jeune fille: premier homme à avoir ce rôle où jusqu'ici, c'était des femmes qui le tenaient.
Ce qui pose un problème car il vole la vedette à Vic et Pol condamnés à faire de la figuration.
On a l'impression que le fameux "trio de l'étrange" commence petit à petit à se disloquer.
Heureusement, cela est compensé par l'arrivée de nombreux personnages plutôt ambigus et loin d'être inintéressants.
On se retrouve donc avec une intrigue où le manichéisme est aux abonnées absents où les actions discutables sont faites avec de bonnes intentions et où on se demande s'il peut y avoir un terrain d'entente.
Le meilleur personnage de l'album est, sans aucun doute, Anna Schulz: ni gentille, ni méchante et, finalement, plus fiable qu'elle n'en a l'air au premier abord.
Dommage que Leloup ait mis un méchant cupide ne servant à rien dans l'histoire sous prétexte qu'il faudrait toujours un méchant dans une histoire alors que De la Terre à Vinéa.
En dehors de ça, cet album est le plus humain de tous: Yoko pleure, devient vulnérable en se faisant tirer dessus. Il y a également une petite fille dans un état de vulnérabilité poussé à l'extrême et pleins d'autres trucs.
En dehors de ça, l'auteur nous présente une Rothenburg magnifique avec des maisons aux architectures mêlant XVe siècle et médiéval sans compter des cryptes bien morbides dignes de films d'horreur.
Seulement, malgré toutes ces qualités, l'album a un gros défaut: sa fin mièvre faisant soupirer.
Peut-être que c'était nécessaire de voir ce genre de fin vu que le traumatisme de la Guerre étaient encore bien présents mais aujourd'hui, on se dit qu'il aurait été mieux d'avoir une fin plus réaliste montrant qu'on ne peut pas changer le é et qu'il faut aller de l'avant pour construire un meilleur futur.
En conclusion un bon album mais un album daté.