La croisière des oublié est un conte politique satirique très ancré dans son époque (1975). Dessiné par Enki Bilal et scénarisé par Pierre Christin, c'est leur première collaboration ensemble.
Après un prologue drôle mais carrément foutraque. L'histoire débute dans la campagne française où l'on voit un village paisible et très attaché à ses terres surpris, lorsque les bâtiments du village flottent dans les airs un beau matin. Il s'ensuivra un voyage aérien où tout le village, bloqué dans ses bâtiments va voyager au grès du vent. Bien sur, l'armée teste une nouvelle arme non loin du village et semble et semble être à l'origine de ce fantastique lévitation.
L'histoire est drôle dans certains de ses dialogues et joliment dessiné malgré une colorisation peu agréable à l’œil. Elle est cependant un peu lourde dans sa narration et ses dialogues trop volontairement satirique. D'accord, la critique de la d'alors est vive et piquante mais l'histoire reste assez creuse malgré une fin mystérieuse.
Critique de la course à l'armement nucléaire, armée tournée au ridicule (bonjour De Gaule), Média qui suivent bêtement les consignes d'un État qui cherche juste à ce que le peuple reste à sa place et ne sache rien.. Pollution industrielle des rivières, perte des valeurs des campagnes mais aussi éloge de la solidarité devant les luttes envers l'argent tout puissant. La critique est complète et pertinente mais ne suffit malheureusement pas à rendre l'histoire palpitante.
La croisière des oubliés est néanmoins une lecture intéressante dans ce qu'elle révèle des luttes d'une époques et du regard d'auteur d'alors. Elle marque aussi la collaboration réussie entre deux auteurs importants qui cherchaient alors à proposer une bande dessinée adulte en opposition à la BD forcément destiné au jeune public. Une belle curiosité.