La Cantine de minuit offre à chaque tome un d'histoires courtes qui ont une fin satisfaisante, mais pas toujours de la manière dont on le prévoyait. Il arrive, en effet, que ça finisse mal mais que le lecteur s'en satisfasse, en dépit du sort réservé à un personnage sympathique ou pas, parfois pour une raison carrément méta. Un exemple tout con, après deux histoires qui brillent par le miel qu'elles distillent, Yaro Abo décidé de conclure une troisième de manière déceptive, à charge du taulier de la Cantine de Minuit d'expliquer que dans la vie, tout ne finit pas toujours pour le mieux. Cela paraît bête mais cela aide à faire er la pilule et accrédite le ton généralement positif. Cela m'incite à croire que Yaro Abe, au-delà de pondre des scénarios qui retombent sur leurs pattes, est soucieux du ton et de la justesse.
En effet, on aurait tort de croire, en parlant de feel good, que ce récit est politiquement correct ou béni oui-oui. Les personnages ne sont pas dénués de certaines tâches morales, qui pourraient autrement nourrir des polémiques, mais l'atmosphère bienveillante et un certain détachement calment le jeu. En tout état de cause, il s'agit de tolérer des défauts parmi d'autres, des défauts malgré tout très humains, avec tout ce qu'on peut mettre dans ce mot.
Dans l'ensemble, même si on s'étonnera à l'occasion de la culture japonaise, c'est une oeuvre universelle, pleine d'écoute et de fraternité, où la nourriture est un élément fan service judicieusement exploité, souvent en métaphore.