L'Or du Spectre
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L'Or du Spectre

BD franco-belge de Philippe Xavier (2025)

L'Or du Spectre par Bruno Menetrier

Après "Le serpent et le coyote" (paru en 2022) Matz et Xavier reprennent les routes de l'Ouest Américain et revisitent le western au son d'une radio des années 70.


Philippe Xavier est un artiste dont le coup de crayon s'est aiguisé dans le domaine de la publicité et du graphisme sur le sol américain.

Matz (Alexis Nolent) est notre scénariste préféré : c'est celui de la série Le Tueur et de quelques autres albums remarquables, souvent des coups de cœur. Ses scénarios, très écrits, sont presque des romans.

Les deux complices n'en sont pas à leur coup d'essai (on leur doit notamment la série Tango - Le Lombard 2017) et L'or du spectre est un peu la suite de leur album précédent, Le serpent et le coyote (Le Lombard 2022), mais il peut tout de même se lire indépendamment.


Dans l'album précédent (Le serpent et le coyote), on avait laissé Joe (un malfrat repenti, témoin protégé d'un procès anti-mafia), en cavale avec son camping-car sur les routes du Nouveau Mexique.

Nous voilà repartis sur les routes de l'ouest sauvage, Montana, Wyoming, Colorado, Nouveau-Mexique, au milieu de nulle part : Chuck sort de 5 ans de placard et retrouve sa dulcinée, Kat.

Tous deux veulent bien sûr retrouver le butin que Chuck a planqué avant ses vacances en taule mais ils vont tomber sur un os creux et sur un vieux pépé, qui n'est pas sûr de s'appeler Rufus, il perd la boule, et pire, la mémoire ce qui n'est pas très pratique quand on cherche après son or !

Le pépé gâteux croit être né en 1820 au temps de la ruée vers l'or et les indiens du coin le prennent pour un fantôme. Après tout, qui sait ...

En gros, tout le monde se retrouve avec une pelle à la main et creuse, creuse, tantôt pour déterrer un trésor, tantôt pour enterrer un gêneur. La routine, quoi !

Et que les fans se rassurent, nos héros finiront bien par croiser la route de Joe et son camping-car !


➔ Chuck et Kat, on les trouve plutôt sympas.

Chuck incarne l'idiot parfait : il a même révélé à un camarade de cellule l'endroit où il avait dissimulé son butin ! Et le "copain" est évidemment sorti avant Chuck ...

C'est Kat la tête pensante, la blonde fatale dans toute sa splendeur, et le dessinateur Philippe Xavier fait tout pour nous la rendre séduisante.

Mais elle est assez vénère après les conneries de son petit-ami.

Ce qui nous vaut des dialogues piquants puisque la belle Kat n'a pas la langue dans la poche de son jean.

« [...] - Tout va bien se er, bébé, t'inquiète

- C'est quand tu dis des trucs comme ça que je m'inquiète en fait

J'hésite. J'arrive pas à décider si t'es un pauvre con ou un sale con Chuck. Pourquoi t'as préféré dire à quelqu'un d'autre que moi où était planqué le fric ?

- Mais tu m'aimes, bébé, non ?

- Arrête de m'appeler bébé, ça m'énerve. »

➔ Côté dessins, Philippe Xavier se régale (et nous aussi) : c'est du grand cinéma, digne du technicolor. Cadrages larges sur des panoramas grandioses et plans resserrés sur les trognes des personnages, tous très variés, ou les beaux yeux de Kat.

Dans ces planches, il plane parfois comme un petit air de Blueberry, que l'on aperçoit d'ailleurs en arrière-plan page 29 : clin d’œil.

C'est un véritable plaisir et cela nous offre un album magnifique.

➔ Voilà un western revisité années 70 au dessin impeccable.

L'album précédent évoquait les débuts du programme WITSEC de protection des témoins repentis et cela donnait au scénario une profondeur, une densité, que l'on ne retrouve pas vraiment ici : L'or du spectre semble manquer d'un fil conducteur plus riche que les déboires de Chuck et Kate en quête de leur bonne fortune.

Peut-être faut-il voir là un épisode de transition dans une série qui ne dit pas encore son nom.

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BMR

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il y a 4 jours

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Bruno Menetrier

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