C'est le deuxième roman graphique de Kamimura que je lis. On retrouve une vision sans concession de la nature humaine, qui n'hésite pas à prendre à rebrousse-poil la vision que l'on peut avoir des sentiments humains.
On suit donc O'Tsuru, une (très) jeune fille vendue par ses parents paysans contre un sac de riz. Recueillie par une ancienne geisha dans un établissement, elle commence comme servante à faire toutes les commissions qu'une geisha ne peut faire sans déchoir : porter des affaires, des messages, la harpe, etc... Elle subit de mauvais traitements mais apprend la danse et la musique. Vient également son tour d'avoir un protecteur.
A rebrousse-poil, donc : la jeune fille défend l'institution des geishas et en tire une fierté, comme de n'importe quel autre métier. Elle en accepte les avantages et les inconvénients. Elle ne nie pas les difficultés à aimer au début le vieil industriel qui se jète sur sa virginité, mais développe à son égard un sentiment de reconnaissance. Les tentations sont cependant là, face à d'autres jeunes hommes bien plus beaux mais pauvres, et les sentiments composent avec ces situations.
Un roman psychologiquement violent et dérangeant, avec des personnages attachants aux visages et mimiques mémorables. L'évolution physique et mentale de l'héroïne, de petite paysanne mal dégrossie à geisha accomplie mais privée de ses rêves est intéressante.
Merci à Emilie pour cette découverte.