Quand shōnen rencontre chanbara
Rurouni Kenshin est le premier manga qui m'a véritablement ionné. Parce que même s'il reste un shōnen, il est beaucoup plus subtil qu'il n'y parait au premier abord. Certes on retrouve la classique montée en puissance propre au genre avec des combats contre des adversaires de plus en plus invincibles dans un déluge d'attaques ultimes. Mais le personnage principal se démarque des poids-lourd de la catégorie (Dragon Ball, One Piece, Naruto...) puisqu'il n'est pas un gamin turbulent et naïf mais un adulte en quête de rédemption et remettant sans cesse en question son mode de vie et ses principes, ce qui donne à la saga un léger cachet philosophique. Autre particularité qui le différencie du shōnen de base, le récit a une dimension historique (mais pas trop non plus) puisqu'il prend place à la fin du XIXème siècle durant la restauration de Meiji et fait intervenir des personnages ayant réellement existé.
Si les thèmes abordé sont souvent sérieux (rédemption, mort, vengeance, amour, honneur...), l'humour n'est jamais bien loin grâce à un Kenshin qui prend un malin plaisir à se faire sous-estimer en jouant au gentil débile. Tirant une grande partie de son inspiration dans les comics américain et les jeux vidéo, l'auteur crée des personnages au charisme hallucinant (Aoshi, Saito et Shishio en tête). Au cours des 28 tomes qui composent la saga, on assiste autant à l'évolution des personnages qu'à celle de l'auteur puisque son style change considérablement au fil des chapitres. Il n'y a qu'à ouvrir le dernier tome à côté du premier pour constater le gouffre qui les sépare. Si l'œuvre de Watsuki prend un véritable souffle épique à partir du tome 7, elle atteint son apogée lors d'un flashback s'étalant sur une dizaine de chapitres présentant le é d'assassin de Kenshin ayant d'ailleurs donné lieu à une série de superbes OAV.
Riche en émotions et en combats spectaculaires, Rurouni Kenshin est un shōnen de qualité qui fait réfléchir autant qu'il divertit. Attention toutefois aux effets secondaires : il donne aussi envie de se mettre au kendo et de forger un katana à lame inversée pour aller botter le cul des méchants.