Finalement décevante, cette guerre ! Non pas exactement parce que son dénouement se révèle moins meurtrier que ses préparatifs – comme si Verdun avait précédé l’attentat de Sarajevo –, mais parce qu’il est moins riche. La « guerre totale » qui donne son titre à l’album a en fait déjà eu lieu. L’affrontement final – singulier, comme il se doit – ressemble moins au duel d’Hector et Achille sous les murailles de Troie qu’à un combat de rue entre deux chefs de gang au pied d’une palissade de terrain vague, interrompu par un porte-flingue renégat en quête de rédemption
Ça pourrait être un parti pris, un contre-pied délibéré. Ce qui me fait penser le contraire, c’est que presque rien (1), plus tôt dans la série, n’a préparé le lecteur à ce que le soufflé retombât ainsi. Les volumes 20 et 21 se présentant comme un diptyque, au demeurant bien construit – il suffit de lire les titres et de voir la construction des couvertures –, on doit supposer que la tonalité en est la même : comme Sur le sentier de la guerre, Guerre totale ne s’écarte jamais d’une optique très premier degré, et se contente d’exploiter les conventions du genre plutôt que de les renouveler, ou de les pousser dans leurs limites.
On sait que certaines séries télévisées tirent leur succès de leur propension à pouvoir faire mourir n’importe qui n’importe quand. Guerre totale aurait plutôt tendance à maintenir en vie n’importe qui. Ça me gêne, non pas sur le plan de la vraisemblance – on parle après tout d’une série dont le thème est les zombies… –, mais sur celui du long terme dans la construction du récit. À la fin de ce vingt et unième volume qui marque la fin d’un cycle, il restera pas mal d’éléments essentiels inexploités – ce qui peut certes présager de bonnes choses pour la suite –, mais aussi des éléments superflus inexploitables.
(1) Presque rien, car le comportement de Dwight dans ce volume est suffisamment préparé dans le précédent pour ne pas paraître artificiel. Par ailleurs, le ratio entre la présence de Dwight dans ces pages – plutôt rare – et son importance dans l’intrigue – cruciale – devient intéressant : il apparaît peu, mais tout ce qu’il fait compte, et même ce qu’il renonce à faire.
Critique du tome 20 là.