Elle(s)
5.9
Elle(s)

BD franco-belge de Bastien Vivès (2007)

Un miroir de l’âme… qui manque parfois d’un peu de recul

Elle(s), signé Bastien Vivès en 2007, c’est un peu comme feuilleter un carnet intime avec des dessins en marge : on y entre doucement, curieux, et on ressort avec une impression diffuse, entre la fascination et l’inachevé. Dans ce récit introspectif, Vivès explore les émotions, les souvenirs et les fragments d’un portrait féminin, mais le tout semble parfois glisser sur la surface au lieu de réellement cre.


L’histoire, si l’on peut appeler ça une histoire, est une série d’instantanés, de pensées fugaces et de confidences visuelles. C’est une immersion dans la tête de « Elle », une femme complexe, vulnérable, parfois insaisissable. Mais ce choix narratif, bien que séduisant dans l’idée, peut laisser le lecteur un peu perdu, comme un invité à une fête où tout le monde semble parler en sous-entendus. L’absence de véritable fil conducteur donne une impression de fragmentation qui, selon les sensibilités, pourra être perçue comme poétique… ou frustrante.


Visuellement, Bastien Vivès excelle dans son minimalisme : un trait épuré, des couleurs douces et mélancoliques, et une mise en page qui respire. Chaque case ressemble à une peinture discrète, un instant suspendu. Mais si ce style subtil sert à merveille l’ambiance, il peut parfois donner l’impression que le contenu manque de consistance. On ire la forme, mais on reste parfois sur sa faim face au fond.


Le problème principal de Elle(s), c’est peut-être qu’il joue tellement sur l’introspection qu’il finit par exclure le lecteur. À trop vouloir être universel, le récit peut sembler un peu distant, presque froid. On observe cette femme, on devine ses émotions, mais on n’est jamais complètement avec elle. C’est beau, mais c’est aussi un peu frustrant.


En résumé, Elle(s) est une œuvre contemplative qui plaira aux amateurs de récits introspectifs et d’esthétiques minimalistes. Mais ceux qui recherchent une histoire structurée ou des personnages pleinement incarnés pourraient se sentir un peu abandonnés en chemin. Une œuvre qui capte l’instant, mais qui aurait pu mieux explorer l’éternité.

6
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le 11 déc. 2024

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CinephageAiguise

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