Nan! Je ne suis pas la femme de Batman.
BATWOMAN
Elégie pour une ombre
DC Comics a entreprit en cette année 2011 un relaunch, une remise à zéro des différentes parutions de son écurie de Supers en capes et body, afin de tenter de trouver un nouveau public.
Panini saute sur l'occasion pour proposer aux français, dans une belle édition cartonnée, l'un des plus beaux comics de 2010, histoire de faire patienter les lecteurs jusqu'à la sortie du relaunch de Batwoman.
Batwoman, n'est autre que Kate Kane superbe jeune femme d'un roux flamboyant, ayant vécu des choses peu évidente, puisque poursuivi par une secte l'ayant désigné comme instrument d'une prophétie, et qui a tenté de lui enlever le cœur pour accessoirement la tuer. Sa mère et sa sœur jumelle furent tuées, et c'est uniquement l'intervention de son militaire de père qui pu la sauver.
Dès lors elle se tourne vers une académie militaire pour y faire ses classes, mais sera cassée de l'armée pour y avoir dévoilé son homosexualité. Car oui, fait trop rare dans un monde du Comics souvent normé et lisse, Batwoman est lesbienne, et ceci est abordée sans fard, ni strass non plus, évitant ainsi la caricature ou le survol prudent.
Après une période de doute et d'errance à la recherche de nouveaux repères, sa rencontre avec le Batman va changer sa vision de la vie et l'orienter vers une route qu'elle n'avait pas encore explorée, l'aide de son prochain et de son pays dans la clandestinité en revêtant ce symbole de Chauve-souris, synonyme d'espoir pour les victimes et de peur atavique pour les criminels.
Dans cette histoire, qui fera remonter à la surface les démons (littéralement) de son é, Kate Kane est confronté à la Secte des douze clans du Culte du Crime et ses dévoués zélotes, qui essaya dans sa jeunesse de la tuer.
Sa nouvelle dirigeante, la Haute-Dame, une illuminée aux allures gothiques qui se fait appeler Alice Liddell (réf à Lewis Caroll), une jeune femme dont la folie exacerbée, cache de bien sombre desseins.
En lui-même le scénario signé Greg Rucka ne révolutionne rien, une histoire somme toute classique dans le monde des comics, mais bien écrite (bien qu'un peu nébuleuse par moment) et assez intéressante pour amener le lecteur jusqu'au bout.
Mais la vraie force de cet ouvrage, sa très grande qualité vient essentiellement de son dessinateur : J.H Williams III.
Formidable illustrateur, dessinateur, peintre, bref artiste jusqu'au bout des doigts. Le monsieur maîtrise son sujet, et offre non pas des planches, mais des tableaux, d'une variété dans la mise en page rare, déstructurant les cases pour les fusionner parfois à l'essence même des personnages. Au final pas une page ne se ressemble, offrant un ballet majestueux de couleurs, d'ombre et de lumière, de traits et de phylactères toujours renouvelés ; et l'effort n'est pas vain, puisque l'on era surement un temps inouï à explorer chaque dessin, scrutant la beauté de chaque détail.
Batwoman est un personnage qui se doit d'être incontournable dans le reboot de l'Univers DC en cours, elle lui apporte une fraicheur, une originalité, un ton et une modernité qui marque le paysage de la bande-dessinée outre-Atlantique. Williams et Rucka offrent une copie néanmoins nuancée, en effet ce dessin si loué en vient à éclipser l'histoire, qui si elle ne brille pas par sa force de narration aura au moins le mérite de présenter les origines et les motivations de cette Batwoman, qui se veut être une alternative de choc et de charme à notre chevalier masqué.