J'ai envie d'être concis pour une fois.
Batwoman est clairement l'une des séries du New 52 qui fut un succès critique. Coup de coeur de beaucoup, je n'avais jusque-là pas franchi le cap à cause de ma méconnaissance du personnage. On sait qu'en ce qui concerne le "Batverse", les New 52 n'apportent aucun reboot, il n'apparait donc pas forcément comme un point d'entrée idéal à ces séries.
Amateur de la période "moderne" de Batman depuis "Année un", je n'ai guère appréhendé de me lancer dans le relaunch du chevalier noir, de Nightwing, de Robin, de Catwoman. Un aspect a priori moins "adulte" m'empêche toujours de tenter la série Batgirl mais son background m'est bien connu et n'est en aucun cas la raison de mes réserves. Pourtant malgré mon bagage, j'avoue connaitre très peu Batwoman, ne l'avoir que très rarement aperçu jusque-là.
Je pense représenter sur ce point l'immense majorité des personnes, amateurs de comics compris, si ce n'est probablement les lecteurs kiosques, ayant naturellement une connaissance plus exhaustive. Et à coup sûr pour la plupart des lecteurs, le début de ce tome "0" semblera véritablement laborieux. La série commençant in media res, nous plonge directement dans un univers assez éloigné de nos habitudes en ce qui concerne les récits de Batman. Baroque, empli de fantastique, on se croirait presque revenu dans certains numéros de Morrison et son fameux dossier noir. On se retrouve donc vite dans un premier temps perdu.
Outre donc l'introduction brutale dans un univers chargé et fantastque, une narration laborieuse vient accentuer le désordre du récit. La mise en page très stylisée magnifie les dessins et marque définitivement le lecteur malheureusement elle esthétise régulièrement à outrance la page nuisant à une narration qui perd énormément en lisibilité, notamment durant les scènes d'action. Il est vraiment dommage que cette indéniable identité visuelle aussi marquée que magnifique viennent nuire au scénario. J'ajouterais, mais cette fois à titre strictement personnelle, que si j'ai totalement adhérer à l'apparence de Batwoman, j'aime beaucoup moins celui de son alter ego Kate Kane.A vrai dire, son look est aussi réussi et probablement magnifique, ce n'est juste pas mon goût.
J'ai donc d'abord été assez déçu par cette immersion dans l'univers du personnage. Mais le récit est découpé en deux partie, et la deuxième partie tout en nous présentant une intrigue parallèle située dans le présent revient finalement sur les origines de la super-héroïne. L'intrigue devient tout de suite beaucoup plus agréable à suivre, on découvre davantage aussi le background du personnage qui devient de plus en plus attachant. Je suis alors véritablement rentré dans l'histoire et ait commencer à percevoir l'intensité de cette super-héroïne. Les acolytes du chevalier noir, que j'apprécie par ailleurs, m'ont toujours paru non pas comme des doubles du Batman, mais comme des sous-batman, d'éternels irateurs du chevalier noir essayant d'arriver à la cheville de leur mentor. Batwoman quant à elle m'a au contraire sembler le véritable pendant féminin de Batman. Moins culte, moins intense, elle n'en reste pas moins un personnage qui semble clairement indépendant, mature, doté de capacités physiques impressionnantes mais aussi d'un mental d'acier. Elle suit les pas de Batman, mais sans devenir son élève. Il apparaît alors non pas comme une figure paternelle d'autorité, de gardien, mais comme une source d'inspiration ! Enfin le Batman semble avec Batwoman avoir réussi à réveiller le sens des responsabilités d'un habitant de Gotham ! Si Batman est un symbole différent de Superman, plus agressif et porteur de valeurs différentes, il n'en reste pas moins qu'il est lui aussi censé être à sa manière le réveil des consciences individuels, une sorte d'impératif morale à la vue de tous. Et ce ne sont pas les alliés du chevalier noir habituel qui permette de véritablement mettre en valeur cet aspect-là, Batwoman en est, elle, un parfait exemple.
Ce tome m'a donc finalement largement convaincu de continuer la série, surtout que j'ai toujours eu quelques réserves face au scénariste Rucka. (Je sais qu'il est iré par beaucoup mais pas par moi.)